La publication de ce billet coïncide avec le sixième anniversaire du blogue. Coïncidence, il est question justement de coïncidences dans ce billet.
Île-de-Hull (Gatineau, Québec)
Fond de la carte : Atlas du Canada ; annotations et graphisme : Henri Lessard, 2013-2015.Carte retouchée le 9, le 17 et le 23 nov. 2015.
Ruisseau de la Brasserie : à l'ouest et au nord de l'Île-de-Hull ;
Rivière des Outaouais : au sud et à l'est de l'Île-de-Hull ;
A5 : autoroute 5 (autoroute de la Gatineau);
BA : boul. des Alumettières ;
CC : chutes de la Grande Chaudière ;
IN : Imprimerie nationale ;
Q et traits noirs tiretés : Quaternaire (dépôts meubles) : la grosseur de la lettre indique l'épaisseur des dépôts : 3 m, 9 m, 15 m ; ailleurs, calcaire ordovicien ;
SC : boul. Sacré-Cœur ;
X : système actuel de fossés et de canalisations ; le segment nord est sur le terrain gagné au-delà de l'ancienne rive (4c) ;
X' : cours d'eau intermittent, fossé (Québec, 1984, Atlas de la Ville de Gatineau) : canal sur le terrain gagné au-delà de l'ancienne rive (4c) ;
X'' : digues ou jetées remontant au moins à 1925 (PNA) pour la plus longue, 1965 pour la plus courte, sans rapport avec le sujet. Leur pérennité et leur visibilité pouvant créer confusion, elles sont maintenue sur la carte (détails dans le billet du 19 nov. 2015) ;
? : «partage des eaux» impossible de 4d ;
?? : jonction impossible de 3c avec 4d' ;
3c (en blanc) : hypothétique réseau hydrographique ;
4c : ancien rivage (Jonhston, 1915) ;
4d et 4d' (en bleu) : anciens ruisselets (Jonhston, 1915) ;
5b : ancien lac Minnow (schématique), ou lac aux Vairons (parc Ste-Bernadette actuel)
5c : ancien lac Flora (schématique), aujourd'hui parc Fontaine ;
50 m, 60 m et lignes brunes grasses : courbes de niveau mises en évidence ;
Cercle blanc : canalisation déversant l'eau ; cercle noir : canalisation recueillant l'eau. Les canalisations ont été repérées sur le terrain, plusieurs sont visibles sur les photos aériennes de Google et de Bing.
Traits noirs dentelés : escarpements.
Version complète de la carte dans le billet du 10 août 2013, «Île-de-Hull (Gatineau) : guide géologique».
Résumé
Deux ruisselets se jetaient autrefois dans le ruisseau de la Brasserie au nord de l'Île-de-Hull ; la dernière partie de leur cours est reprise par des fossés et canalisations actuelles. L'hypothèse de l'existence d'un paléoréseau hydrographique post-Champlain s'écoulant vers l'est dans la rivière des Outaouais est aussi soulevée. Les ruisselets et le paléoréseau auraient été liés au lac Flora, maintenant comblé (parc Fontaine).31G/05
Billets reliés
- Billet du 19 nov. 2015, «Ruisseau de la Brasserie : recyclage d'anciennes structures»
- Billet du 1er nov. 2015, «Île-de-Hull : ruisselet perdu et retrouvé ?» ;
- Billet 5 févr. 2016, «Qui a façonné l'Île-de-Hull ?»
- Billet du 3 février 2016, «Coupe de l'Île-de-Hull»
J'ai parlé dans mon billet du 1er nov. 2015 du couple de ruisselets* qui se jetaient autrefois – ou qui se seraient jetés, toute la question est là ! – dans le ruisseau de la Brasserie, au nord de l'Île-de-Hull. L'existence de ces deux cours d'eau n'est pas avérée et, même si j'entretiens un fort parti pris en faveur de leur réalité, il reste que les sceptiques ont quelques arguments à faire valoir. Mais, jusqu'à preuve du contraire, je continue à défendre mon hypothèse.
* «Ruisselets» pour éviter la confusion avec le ruisseau de la Brasserie (qui est en fait un bras de la rivière des Outaouais).
Les ruisselets ne figurent à ma connaissance que sur un seul document, la carte des terrains meubles de la région d'Ottawa («Unconsolidated Rocks») publiée en 1915 par Johnston à la Commission géologique du Canada. Un rapport du même auteur est venu compléter la carte en 1917. Le fond de celle-ci (topographie, hydrographie, routes, etc.) est «Based on a map published by the Department of Militia and Defence». Que des gens sérieux !
Aucune autre carte antérieure, contemporaine ou postérieure à celle de Johnston ne montrent ces ruisselets. Aucune photo aérienne non plus, la plus ancienne que j'ai pu consulter datant de 1925.
Il y a de quoi entretenir le doute sur la réalité de ces ruisselets.
Concentrons-nous sur le plus important des deux ruisselets (4d sur la carte) celui qui, prenant sa source dans le lac Flora (parc Fontaine actuel ; 5c), traversait plus de la moitié de l'Île-de-Hull pour s'écouler dans le bras nord du ruisseau de la Brasserie.
(Je fais abstraction dans la discussion des artefacts modifiés ou créés après la parution de la carte de Johnston (1915), soit le remblais des boulevards des Allumettières (BA) et du Sacré-Cœur (SC) ainsi que le terrain nivelé autour de l'Imprimerie nationale (IN).)
L'ancien lac Flora était situé, très logiquement, dans un creux. La dépression – sous la ligne des 50 m (courbe de niveau soulignée) – est encore sensible dans la topographie du parc Fontaine, l'assèchement du lac n'ayant rien modifié de ce point de vue (altitude du parc : 44 m). (Voir les billets des 3 et 5 févr. 2016.) Un ruisseau qui aurait prétendu drainer les eaux du lac vers le nord aurait eu, au préalable, la tâche d'inciser le terrain qui, à partir de la rive nord, atteignait ou dépassait les 50 m d'altitude. Travail qui aurait laissé une cicatrice évidente dans le paysage sous la forme d'un ravin de plusieurs mètres de profondeur dont il n'existe aucune trace ou vestige*. Ce n'est qu'à la hauteur de l'actuelle rue Edgard-Chénier (point ?, altitude env. 46 m) qu'un cours d'eau aurait pu s'écouler librement vers le nord en suivant la pente du terrain jusqu'au ruisseau de la Brasserie (altitude 44 m). La section du ruisselet qui s'engage dans cette déclivité, encore sensible de nos jours, est la seule qui semble plausible.
* Travail d'autant plus ardu que le lac Flora tenait davantage du marécage que le du lac proprement dit.
Au nord du boulevard Sacré-Cœur, un système de fossés et de canalisations (X ; voir billet du 1er nov. 2015, lien plus haut) se confond avec la section la plus septentrionale du ruisselet 4d et la prolonge jusqu'au niveau rivage du ruisseau de la Brasserie, plus au nord qu'à l'époque de Johnston (4c). Coïncidence ?
Pour l'autre ruisselet, à l'est du premier, plus modeste (4d'), la topographie oppose un talus de dépôts meubles à sa descente vers le nord (courbe de niveau des 50 m), nonobstant le fait que le secteur, à l'intersection de boulevards et d'autoroutes, a été considérablement modifié depuis le début du XXe s. Une fois cependant le bourrelet franchi, rien ne s'oppose à la descente des eaux vers le nord. Une découverte de dernière minute sur une carte topographique du Gouvernement du Québec (1984) m'a fait connaître, dans le prolongement approximatif du ruisselet 4d' , l'existence d'un «cours d'eau intermittent ou fossé» (X') débouchant dans le ruisseau de la Brasserie.
Coïncidence, encore ?
L'Île-de-Hull sur la carte de Jonhston (1915 ; détail). À partir du lac Flora (un peu en bas du centre de l'Île-de-Hull), l'eau ne peut s'écouler que vers le nord ou vers l'est. (La géologie des zones urbanisées ont été laissées en blanc.)
Puisque nous parlons des dépôts du Quaternaire, il est intéressant de noter que le lac Flora et les ruisselets sont confinés au territoire de l'Île couvert par ces dépôts meubles (Q). Ce genre de sol est plus facile à inciser que le socle calcaire qui affleure ailleurs. Au sud du lac Flora, un escarpement sépare la «haute île» rocheuse de la «basse île» couverte de dépôts meubles.
D'un autre côté, la topographie, à partir du point ?, appelle, exige le ruisselet 4d. Une anse en forme de V dont la pointe correspondrait au point ?, une sorte de baie à sec, est configurée comme exprès pour drainer les eaux du secteur vers le nord, vers le ruisseau et la baie qui existait à l'époque de Johnston (4c). (La courbe des 50 m au nord du boul. Sacré-Cœur soulignée sur la carte dessine l'allure de ce V à mi-parcours vers le ruisseau.)
Voilà donc un ruisselet introuvable et improbable dont l'existence s'avère logique et même indispensable !
On pourrait donc dire que les deux ruisselets sont à la fois non plausibles (parce qu'invisibles sur la plupart des documents) et nécessaires (pour leur section nord, si l'on se fie à la topographie). Des sections de la canalisation actuelle au nord de l'Île-de-Hull, nous l'avons vu, se confondent ou prolongent les deux ruisselets (X et X').
Mon idée est que Johnston, dans le pire des cas, n'a pas erré totalement. Les ruisseaux ont pu être enterrés et canalisés sur toute leur longueur. Travail inutile pour le nord de l'Île, inhabitée. Si quelqu'un a une meilleure hypothèse...
Paléoflora ?
L'examen du relief dans l'Île m'a déjà incité à formuler l'hypothèse, à une époque reculée, d'un écoulement vers l'est, plus compatible avec le terrain autour du lac Flora (voir billet du 10 août 2013, lien plus haut). Les courbes de niveaux (50 m), en effet, conserveraient le souvenir de ce qui me semble d'anciens cours d'eau ayant érodés les dépôts meubles (3c). L'embouchure de ce paléoréseau aurait été situé à la hauteur du quai de Hull. Un des bras de ce réseau se confond d'ailleurs avec le ruisselet 4d' (au point ??). Confusion problématique : un ruisseau ne peut s'écouler simultanément dans deux directions opposées !Cette hypothèse suppose un paléolac Flora plus étendu que le lac historique que nous connaissons. Après le départ de la mer de Champlain, il y a 10 000, le niveau de l'Outaouais a été assez élevé jusqu'à vers 8500 ans (voir le billet du 11 mars 2014) pour nettoyer une bonne part de l'Île-de-Hull de ses dépôts glaciaire et marins (d'où l'importance du socle dans l'Île). L'existence d'un superpaléolac Flora transitoire n'est donc pas du tout déraisonnable. Est-ce que ce super Flora aurait pu alimenter un ruisselet capable de frayer son cours vers le nord en érodant les dépôts meubles ?
Hypothèse risquée...
Conclusion
Nous avons donc dans l'Île-de-Hull a) deux ruisselets d'existence problématique se jetant dans le ruisseau de la Brasserie et b) un hypothétique paléoréseau hydrographique s'écoulant vers l'est pour rejoindre la rivière des Outaouais.Les ruisselets 4d et 4d' de Johnston (1915) – du moins dans la partie de leurs cours proche du ruisseau de la Brasserie – et les fossés-canalisations X et X' obéissent aux mêmes contingences et assurent les mêmes fonctions : drainer les eaux du nord de l'Île-de-Hull vers le ruisseau de la Brasserie en suivant la pente du terrain. De là à assurer que les seconds ont été calqués sur les premiers, il n'y qu'un pas à franchir. Ce qui semble être des coïncidences ne sont que des continuités.
Quant à l'hypothétique péléoréseau hydrographique s'écoulant vers l'est à partir d'un paléolac Flora, l'hypothèse est trop tentante pour que je résiste à la tentation de la reformuler aujourd'hui...
Ajout (27 janv. 2016)
Un peu de nouveau sur le lac Flora (pour moi au moins, c'est du neuf).La lac Flora avait la fâcheuse habitude de déborder chaque printemps. En 1885, on abaissa ses eaux par la construction d'un canal de drainage. Après les inondations vinrent les maladies. En effet, le lac atrophié en marécage stagnant fut bientôt transformé en dépotoir ; s'accumulant en plein centre d'un quartier ouvrier, les immondices causèrent des épidémies de choléra et de typhoïde. Le lac est finalement asséché vers 1910. La Ville offre le terrain à la C.P.R. pour qu'elle y construise une gare, laquelle ne fut jamais érigée. L'espace servi plutôt de parc de stationnement jusque dans les années 30. En 1936, le parc Fontaine fut créé et baptisé en l'honneur de l'ancien maire de Hull, Joseph-Éloi Fontaine. Reformulé et complété de : Ottawa : passé & présent.
Évidemment, on peut se demander si le ruisseau 4d qui, sur la carte de Jonhston, part du lac Flora pour atteindre le ruisseau de la Brasserie ne serait pas le fameux canal de drainage... Comme on ne précise pas par où il passait, on est embêté de répondre de façon péremptoire.
Mon hypothèse serait que le canal fut creusé en direction du ruisselet 4d, vers le nord, qui s'écoulait déjà dans le ruisseau de la Brasserie. Ainsi, l'apparente impossibilité d'un ruisseau partant du lac pour couler à contre pente, vers le nord, pour la première partie de son cours, trouverait explication. Le ruisselet 4d serait de nature mixte : canal artificiel jusqu'au «point ?», ruisselet naturel au nord de celui-ci.
D'ailleurs, depuis le lac, un canal vers le «point ?» est plus court que celui vers la rivière par l'autre trajet possible, par le 3c. Ce trajet aurait eu en outre l'inconvénient de couper plusieurs rues et de passer à travers des lots bâtis. Le trajet nord était relativement libre à l'époque. Revoyez la carte de Jonhston.
Il y aurait donc eu deux ruisselets s'écoulant dans la vaste baie (4c) ouverte au nord de l'Île-de-Hull, baie trop vaste pour ne pas participer au drainage naturel de l'Île ; l'un d'eux (4d) fut «harnaché» ou plutôt greffé d'un canal artificiel afin de participer au vidage du lac Flora. L'autre ruisselet (4d') ne fut pas touché par les travaux.
Ce n'est qu'une hypothèse, en attendant plus amples données. Trouve-t-on des vestiges de ce canal ? Quelle était sa profondeur ? Peut être fut-il en partie souterrain ? Le canal existe-t-il encore, sous terre, un peu comme le ruisselet 4d qui a été canalisé et «urbanisé» ? S'il a été enterré, c'est il y a longtemps, avant les premières photos aériennes qui n'en montrent aucune trace.
Questions pour l'instant sans réponse.
Notes. – Raymond Ouimet, historien, précise que le lac Flora fut comblé de 1912 à 1919. Source : http://raymond-ouimet.e-monsite.com/pages/saviez-vous-que.html
Voir aussi le site «Les Quatre Saisons» de Jean Provencher à propos de feux follets sur le lac :
http://jeanprovencher.com/2014/05/03/un-lac-complet-de-feux-follets/
Ajout (28 janv. 2016)
Voici deux articles de l'Evening Citizen d'Ottawa datant de 1911 et 1913. Ils permettent de préciser que la lac Flora était déjà drainé, mais encore boueux, en 1911 (1,5 m de boue ou de vase), et asséché, en 1913. L'article de 1913 parle d'un sewyer (sic ? ; un sewer plutôt ?), ou égout. Alors, j'aimerais savoir, le lac a été drainé par un canal («Ajout» du 27 janv. 2016) ou par un égout ?Googles News |
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Références
- Atlas de la Ville de Gatineau.
- Atlas du Canada.
- W.A. Johnston, 1915 – Ottawa, Carleton and Ottawa Counties, Ontario and Quebec.Commission géologique du Canada, Carte géologique polychrome 1662, 1 feuille (1/63 360), doi:10.4095/107538
- W.A. Johnston, 1917 – Pleistocene and Recent Deposits in the Vicinity of Ottawa, With a Description of the Soils. Commission géologique du Canada, Mémoires 101, 69 p., avec carte 1662 (1/63 360).
- Gouvernement du Québec, Hull, 1:20 000. 1984.
- Photothèque nationale de l'air, photo HA67, no 60, 4 nov. 1925.
Ajout (11 févr. 2016)
Ce qui suit devait faire l'objet d'un billet indépendant. Pour pallier ma mauvaise habitude de diffuser l'information au fur et à mesure que j'en prends connaissance, ce qui la disperse en une multitude de billets, j'inscris cet ajout à celui-ci, pourtant déjà passablement long.Ajout 10 févr. 2016, fig. 1. - Le ruisseau de la Brasserie, au nord de l'Imprimerie nationale, boul. Sacré-Cœur, Gatineau (Québec).
En haut : détail de la couverture de Hull 1962 (couleurs inversées pour faciliter la lecture : le document imprimé est en lignes blanches sur fond brun).
En bas : détail d'un plan du Projet Secteur Fournier (1975). On note un élargissement du ruisseau de la Brasserie au dépens de la rive droite (sud).
Imprimerie nationale : édifice en bas, au centre des deux images.
(Les deux cartes : photos prises à main levée, distorsions possibles.)
Autres billets sur le même sujet
- 19 nov. 2015, «Ruisseau de la Brasserie : recyclage d'anciennes structures»
- 1 nov. 2015, «Île-de-Hull : ruisselet perdu et retrouvé ?»
Les figures 1 et 2 dont il est question sont celles de cet «Ajout».
Les deux documents dont je montre ici des détails (fig. 1 et 2) datent, l'un de 1962, l'autre de 1965. Ils permettent d'apporter un peu de lumière sur la mystère des deux ruisselets (voir carte au début du billet) qui, selon une carte du début du XXe s. (Jonhston, 1915), drainaient le nord de l'Île-de-Hull en se jetant dans le ruisseau de la Brasserie.
Je rappelle qu'aucune autre carte que celle de Johnston, d'aucune époque, ne montre ces ruisselets. Aucune photo aérienne non plus. De quoi entretenir un doute sur leur existence. Les nouveaux documents ont l'avantage d'être à petite échelle, d'offrir une vue très détaillée de la topographie, tant urbaine que naturelle.
En 1962 (fig. 1 et 2 : carte fond bleu), aucune trace ne subsistent de ces hypothétiques ruisselets. Un pipe-line (X'' sur fig. 1 et 2 : les codes sont ceux de la carte au début du billet) déversait au milieu du ruisseau de la Brasserie le surplus des eaux de pluie recueillies dans des fossés ceinturant le parking de l'Imprimerie nationale*. En 1975 (fig. 1 et 2 : carte fond blanc), après la construction de l'autoroute 5 et celle d'un immeuble à logements à l'est de l'Imprimerie, la situation a changé. Le pipeline semble abandonné (une section émerge toujours des eaux du ruisseau**).
* Hypothèse de ma part, mais je ne vois aucune autre justification à ce pipeline. Dernière minute : on me dit que ce pipeline pourrait avoir servi aux tours de refroidissement de la chaufferie de l'Imprimerie (qui ne serait plus en fonction). AJOUT (29 mai 2018). - Sur les cartes d'un rapport de l'Atelier de l'Urbanisme (1965), la structure est identifiée comme un « Pipe Line ». Réf. : L'Atelier de l'Urbanisme Georges Robert, 1965 – Reconnaissance et appréciation des conditions urbaines, Hull, 1965 : Rapport numéro 1. Trois-Rivières, 27 pages + plans.
** Cette section apparaît toujours sur les photos aérienne, couverte de végétation, quand elle n'est pas submergée par le ruisseau. Je ne peux préciser sa nature exacte et son état actuel.
Surtout, deux structures nouvelles sont apparues sur la carte de 1975 :
- X : suite de tranchées à ciel ouvert et de canalisations enfouies. La sortie de la dernière section de canalisation au nord de l'autoroute a été repérée sur le terrain (fig. 3) ;
- X' : tranchée artificielle à ciel ouvert, dans un boisé récent, en aval d'une canalisation, repérée sur le terrain, débouchant au nord de l'autoroute 5 (fig. 3).
Or, ces deux structures coïncident avec le trajet ou le prolongement des deux ruisselets (comparez la fig. 2 avec la carte au début du billet). Quelle coïncidence !
Deux hypothèses sont possibles.
Les ruisselets représentés par Johnston n'ont jamais existé et la coïncidence avec X et X' n'est qu'une simple... coïncidence !
Autre hypothèse : les ruisselets ont déjà existé et ont comblés peu après 1915. Les nécessités du drainage – nécessités qui se réduisent à une seule : suivre la pente la plus forte – ont fait que les structures X et X', installées entre 1962 et 1975, ont suivi les mêmes pentes que les anciens ruisselets. Ce qui tendrait à accréditer l'hypothèse de leur existence.
Aucune de ces structures (X, X' et X'') n'est reliée au système d'égouts.
Le drainage des fossés autour de l'Imprimerie est désormais assurée par le système X. Si le pipe-line est toujours en usage, je n'ai pas vu son entrée sur le terrain.
Références
- Hull 1962 : Études de rénovation urbaine. La Rénovation urbaine à Hull : rapport / préparé sous la direction de la Commission d'urbanisme de la cité de Hull, Georges Bilodeau président et du Comité général d'urbanisme de la cité de Hull et de ses environs, A. Turpin président, Jean-Marie Martin, Edouard Fiset experts-conseils et Assad Gedey directeur de l'étude, en collab. avec les urbanistes de la Commission de la Capitale nationale. Coll. Études de rénovation urbaine, 205 p.
- Ottawa : Commission de la Capitale nationale : Société canadienne d'hypothèques et de logement. Projet Secteur Fournier, Hull, Québec. 1975.
Fig. 2. - Détails annotés. Mêmes codes que pour la carte x.
En haut (1962). – La structure X'' : en réalité il s'agit de deux structures distinctes qui n'ont rien en commun. Comme j'ignorais encore leur nature, je les avais regroupées sous la même appellation sur la carte au début du billet. La longue ligne rouge correspond à une digue (?) qui apparaît sur une photo aérienne de 1925 (billet 19 nov. 2015). [AJOUT. À propos de cette digue, voir le billet du 14 juillet 2019 et du 11 février 2019.] Ici, le X'' correspond uniquement au «pipe line» dont la fonction, selon toute vraisemblance, était de drainer vers le ruisseau de la Brasserie l'eau du fossé qui entourait le terrain de l'Imprimerie nationale.
En bas (1975). – La structure X'' semble abandonnée. Seule demeure la section dans le lit du ruisseau. (Les photos aériennes la montre couverte de végétation lorsqu'elle n'est tout simplement pas submergée.) J'ai aussi indiqué la position de la partie amont du pipeline. En réalité, sur le terrain, rien n'est apparent et j'ai l'impression que cette partie de la canalisation est totalement abandonnée.
La structure X', quant à elle, correspond à un simple fossé artificiel à ciel ouvert en aval d'une canalisation chargée d'évacuer les eaux de pluie vers le ruisseau de la Brasserie.
La structure X est apparue avec la construction de l'immeuble à logements dans les années 1970. Il s'agit, comme je l'ai déjà décrit, d'une enfilade de fossés à ciel ouvert et de canalisations enfouies aboutissant au ruisseau, au nord de l'autoroute 5.
Il a été possible de suivre les structures X'' et X' sur le terrain (voir les canala carte au début du billet). Aucune de ces structures ne semble reliées au système d'égouts. Toutes trois sont artificielles.
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