« Les pipkrakes ou aiguilles de glace sont des cristaux de glace, longs de quelques millimètres à quelques centimètres, qui se développent perpendiculairement sous la surface du sol quand la température de l'air est négative. Ils sont caractéristiques des environnements périglaciaires humides mais peuvent se développer dans tous les sols soumis au gel. [...] Le terme vient du suédois pipa (tube) et krake (fragile, fin) et utilisé en 1907 par le botaniste suédois Henrik Hesselman (1874-1943). »
Géo-Outaouais
Notes éparses sur la géologie de l'Outaouais.
dimanche 14 décembre 2025
Pipkrakes ou aiguilles de glace au lac Beauchamp (Gatineau)
samedi 31 mai 2025
Carbonatite bréchique de l'autoroute 5 : 35 ans plus tard
Elle avait fait l’objet d’une de mes premiers billets de ce blogue(1). Une brèche de calcite chargée de xénolites anguleux. Il était difficile de la rater, la couche de mica qui recouvrait les xénolites chatoyait au soleil dans un virage de l’autoroute 5, à Chelsea, au nord de Gatineau. À mon idée, il devait s'agir d'une carbonatite, une fois écarté l'hypothèse possible, mais moins séduisante, d'une mobilisation du marbre local sous les pressions tectoniques. Quand même, la chose était suffisamment visible pour ne pas échapper à l’attention des nombreux géologues qui étudiaient les carbonatites et fénites de la région, sources potentielles de minéraux stratégiques, tels le niobium et les ÉTR. L'un d'eux, m'apportant son avis autorisé, allait venir m'éclairer sur la chose.
- (1) Billet du 22 nov. 2009, « Intrusion de calcite à Chelsea (Québec), autoroute 5 »
La réponse s'est longtemps fait attendre, presque 35 ans - ma découverte de la chose remontant aux environs de 1990. Elle est venue dans un document paru en 2021(2) ; son titre, peu évocateur, explique que je n'en ai pris connaissance que ces derniers jours. Il s’agit bien d’une carbonatite bréchique, élément d'un ensemble d'intrusions apparentées au nord de Gatineau.
- (2) Marc Legault, Ludivine Da Rosa, Flore Parisot et Robin Potvin, MB 2022-01, Travaux de recherche sur les minéraux critiques et stratégiques réalisés par les stagiaires de l’École de terrain. Min. de l'Énergie et des Ressources naturelles, Québec. La partie qui concerne la région de Gatineau, intitulée « Évaluation du potentiel en éléments de terres rares associés aux dykes de carbonatites du secteur de l’Outaouais », signée L. Da Rosa, commence à la page 24. Lien pour télécharger le rapport.
Voir aussi, sur le même sujet :
- Bouallal I.A.., Legault M.., Mvondo, H., Cartographie des carbonatites et des fénites au nord de Gatineau et leurs potentiels en éléments de terres rares (ÉTR), Province de Grenville. MB 2025-11, 2025. 61 pages. Lien pour télécharger le document.
- Legault, M., Gaxotte, T., Dommesent, C., Travaux de recherche sur les minéraux critiques et stratégiques réalisés par les stagiaires de l'École de terrain. MB 2023-01, 2022. 50 pages. La partie qui concerne la région de Gatineau, intitulée « Évaluation du potentiel en éléments de terres rares associés aux dykes de carbonatites du secteur de l’Outaouais », signée T. Gaxotte, commence à la page 204. Lien pour télécharger le rapport.
Voir aussi (billets de ce blogue) :
La suite du billet est la reprise du contenu de mon billet de 2009 sur la brèche de l'autoroute 5, avec des mises au point apportées par la nouvelle documentation. Dans le texte de 2009, je parlais d'une intrusion de calcite, sans employer le mot brèche. De petites retouches au texte sont entre [crochets]. Un document visuel a été ajouté à la fin.
* * *
Une carbonatite, il est peut-être bon de le préciser avant d'e passer à la reprise du billet de 2009, est une roche magmatique composée de carbonates (calcite ou dolomite) ; elle a de ce fait la même composition que les marbres qui, ultimement, sont d'origine sédimentaire. Si ces derniers sont abondants dans la région, les carbonatites sont plus rares et affleurent sur des surfaces restreintes. Les carbonatites peuvent être des sources de minéraux stratégiques (niobium, ÉTR). Celles de l'Outaouais sont trop modestes et trop éparpillées pour être exploitées. Elles sont malgré tout l'objet de travaux d'exploration.
* * *
Intrusion de calcite à Chelsea (Québec), autoroute 5
Billet du 22 nov. 2009
Localisation
Légende
Contexte géologique local
Intrusion de calcite
[Ajout (31 mai 2025) : l'avis de la géologue
Conclusion
Les intrusions de la route 5 sont des phénomènes post-tectoniques : elles recoupent la structure des encaissants (gneissositée), ne montrent aucun signe de déformation et leurs contacts avec les roches hôtes sont nets. Elles ont sans doute pris place dans des fractures préexistantes. Il a fallu au moins deux injections de calcite pour créer la grande intrusion : cette montée par étapes concorde mieux, me semble-t-il, avec l’hypothèse d’un phénomène magmatique (carbonatite). Mais l’évidence plaide contre une origine lointaine (profonde) des xénolites ; la survie de fragments tabulaires, la persistance d’angles et de cassures non émoussés, etc. (Voir photo 12.) La calcite des intrusions proviendrait donc, selon nous, de marbre mobilisé. [À lire le rapport de L. Da Rosa, cette hypothèse serait très discutable. Je maintiens cependant que les xénolites n'ont pas fait beaucoup de chemin avant de s'immobiliser dans la pâte de calcite.]Référence
Supplément (mai 2025, avec matériel de 2009)
samedi 27 avril 2024
Tectonique du lac Beauchamp à Gatineau (MàJ 25 déc. 2024)
Haut (photo satellite)
- Lignes blanches continues : courbes de niveau des collines précambriennes (60 et 70 m).
- Lignes pointillées blanches : linéaments interprétés à partir des cartes LiDAR. Ceux qui encadrent le massif du lac Beauchamp sont bordés de rouge. La ligne soulignée en jaune est discutée dans le texte.
- Ligne tiretée noire : escarpement dans le grès du Cambrien coïncidant apprx. avec le contact Précambrien-Cambrien (selon la carte 1506A de la CGC de S.H. Richard (1982)).
- * : contact Précambrien-Cambrien visible.
- Lignes rouge et ombres même couleur : granite et gneiss (limites approx.) du Précambrien.
- A : plaine de granite et quartzite du Précambrien.
- B : plaine à l'est, quartzite et paragneiss précambriens. Le jeu de failles définissant des horsts rocheux et des grabens marécageux.
- C : colline enserrée dans un polygone de linéaments.
- D : escarpement sous le SG, coïncident avec un linéament SO-NE.
- E : graben ou faille dans la CM sur le passage d’un linéament NNO.
- F : dépotoir de Templeton-Est dans un bas terrain.
- G : plateau de grès du Cambrien.
- CC : carrière de granite du cimetière*.
- CE : carrière de pegmatite Eurêka.
- CM : Colline du Muret*.
- PC : parc canin St-René E.
- SG : Sommet du Granite*.
- Slickensides : miroirs de failles.
- ? : limite d'un complexe de granite-gneiss inconnue.
- X : brèches carbonatées.
Bas (carte topographique)
- Rabipus et stations : RB : voie Rapibus (non encore construite au moment de la prise de la photo (2020), au nord de la voie ferrée. Les stations : SLa : Labrosse ; SLB : Lac-Beauchamp ; SLo : Lorrain.
- La courbe de niveau du SG (60 m) a été ajoutée à la carte.
Origine du massif de roches précambriennes au nord du lac Beauchamp, à Gatineau. Le secteur est compris entre les boulevards Labrosse et Lorrain (à l’ouest et à l’est) et St-René E et Maloney E (au nord et au sud).
Autres billets du blogue sur le lac Beauchamp (lien).
L'auteur du texte n'est qu'un amateur et ne prétend pas donner un avis d'expers.
Le relief et les roches
Roches tendres, roches dures
Linéaments
Chronologie proposée
Précambrien (1200 Ma - 540 Ma)Métamorphisme, plissement et plutonisme. Gneissossité empreinte dans la roche. (Le tracé des pistes qui ne semble avoir obéi à aucun plan préconçu suit la gneissossité N-S puis SO-NE du socle de façon assez étroite (voir le billet du 17 déc. 2023).) Les brèches pourraient dater de cette époque.
Longue période d’érosion amenant à la surface les roches profondes du socle. Création des linéaments, mouvements et miroirs de failles (brèches ?). Soulèvement du massif, création du relief.
Cambrien et Ordovicien (540-440 Ma)
Sédimentation. Le grès, plus les sédiments carbonatés de l’Ordovicien recouvrent les roches précambriennes : préservation du relief précambrien sous la couverture sédimentaire.
Fin du Dévonien (360 Ma) - fin du Tertiaire (2,58 Ma)
Érosion qui se poursuit de nos jours. La couche de sédiments déposées à partir du Cambrien est érodée peu à peu. Plusieurs longues périodes chaudes et humides durant le Tertiaires : météorisation et altération des roches dans les plans vulnérables (linéaments). (Billet du 23 févr. 2012.) Exhumation du relief du Précambrien.
Quaternaire (2,58 Ma)
Grandes glaciations. Déblaiement des roches altérées, polissage du socle sain. La glaciation du Wisconsinien (100 Ka - 10 Ka), la dernière, est la seule dont il reste des traces dans la région (voir plus bas). Elle laisse des roches moutonnées et polit les sommets du massif du lac Beauchamp. Creusement du lit du lac Beauchamp par érosion fluviatile sous-glaciaire (hypothèse personnelle, voir plus bas). Déposition d'un épais manteau d'argile par la mer de Champlain.
Holocène (derniers 10 000 ans)
Le proto-Outaouais, gonflé des eaux de fontes des glaciers, et plus large que la rivière que nous connaissons, déblaye le secteur du futur lac Beauchamp de l’argile qui le recouvrait (8 500 ans).
Héritage
Les sommets
Origine du lac
Conclusion
Résumé
- Les relief du Bouclier, avec le massif, les vallées et les plaines, contraste avec l'allure plus unie du grès cambro-ordovicien.
- Le relief de du Bouclier se poursuit sous la couverture de grès.
- Le relief du Bouclier prédate donc le dépôt du grès.
- Les linéaments et les vallées du Bouclier ne se prolongent pas dans le grès.
- Les glaciations du Quaternaires ont poli toutes les surfaces, façonné les vallées du Bouclier, mais ne sont pas responsables du contraste Bouclier-grès.
- Les escarpements dans le Bouclier et le grès sont perpendiculaires à l'avancée des glaces, du NW vers le SE. Ils ne semblent pas avoir été affecté par les glaciations.
- Le lac Beauchamp est à la frontière du Bouclier et de la couverture de grès. Une érosion sélective (glaciaire ? sous-glaciaire ?) a pu concentrer ses effets à cet endroit.
Le GOB
Références
- Richard, S.H., 1982 – Surficial geology, Ottawa, Ontario-Québec / Géologie de surface, Ottawa, Ontario-Québec. Commission géologique du Canada, Cartes série «A» 1506A, 1 feuille. [1/50 000]
- Wilson, M. E., 1920, Geology of Buckingham, Hull and Labelle Counties, Quebec. Commission géologique du Canada, carte 1691
dimanche 17 décembre 2023
Lac Beauchamp : influences sous-jacentes
- CE : carrière de feldspath Eureka (billet du 4 août 2017).
- E et rectangle brunâtre : escarpement face au NO.
- D et rectangle vert : ancien dépotoir de Templeton-Est dans une vallée.
- Discordance Protérozoïque-Paléozoïque (billet du 23 janvier 2011).
- F et ligne rouge vif : faille dans une colline.
- RB : Rapibus (la voie, qui n'apparaît pas sur la carte, longe la voie ferré, côté N) ; stations du Rapibus : SLB : station du Lac-Beauchamp ; SLo : station Lorrain.
- Lignes bleues : pistes officielles et informelles du parc du Lac-Beauchamp selon diverses sources.
- Silhouettes brunâtres : collines (60 m - 70 m) ; leurs lignes de niveau sont soulignées en rouge vif.
- Traits noirs : gneissosité et contact lithologique. Note. - Chaque trait représente une mesure qui n'est valable que pour un point précis et non pour toute sa longueur.
- Lignes pointillées noires : linéaments du socle selon la carte LiDAR ; les plus importantes sont soulignées en blanc.
- S et flèche rouge à deux têtes : slickensides ou stries sur un miroir de faille.





























