samedi 1 octobre 2016

Sauvons la mine Wallingford-Back ! (Ajouts)



Photo tirée de Sabina, 1986, p. 21. Le personnage donne une idée de la profondeur de la citerne souterraine qu'est devenue la mine, inondée depuis son abandon en 1972. De nombreuses photos en couleur sont facilement accessibles dans l'Internet.


On parle de dynamiter la mine Back-Wallingford (ou Wallingford-Back, selon les sources) située dans les collines boisées au nord de Buckingham, dans l'Outaouais.

Détruire la mine Back-Wallingford, c'est détruire un irremplaçable vestige de l'histoire minière de la région, c'est détruire une cathédrale souterraine.

Depuis son abandon en 1972 et son ennoyage, la mine de feldspath est devenue un lieu privilégié par les amateurs de plongée sous-marine. La vaste et profonde galerie artificielle qui s'enfonce jusqu'à 240 m sous terre, les immenses piliers de pegmatite claire (photo), les jeux de la lumière passant par les ouvertures de la voûte, l'endroit valait le déplacement et, même sans l'intention d'y faire trempette, le coup d’œil. Plongées et visites au sec se faisaient dans l'illégalité la plus parfaite, il faut bien l'avouer...

La mine a connu un brusque surcroît de popularité cet été, les chemins ruraux, louvoyant à travers les collines et conçus pour un usage local et restreint, ne suffisent plus aux flots des voitures. Les résidents du secteur n'en peuvent plus de l'invasion qu'ils subissent et du comportement des visiteurs. Je comprends parfaitement leur exaspération. Mais il n'y aurait pas d'autres solutions que la destruction ?

Voir «Mulgrave-et-Derry victime de la popularité d'une mine abandonnée», Benoît Sabourin, LeDroit, 25 août 2016.
«Une mine, c'est plus qu'un trou», éditorial de Pierre Jury, LeDroit, 28 sept. 2106
«Une ancienne mine de l'Outaouais menacée d'être dynamitée», Radio-Canada, 28 sept. 2016.


Sites géologiques exceptionnels


Entre novembre 2010 et février 2011, en collaboration avec Daniel Martel, du MRNQ, j'avais collaboré à la rédaction de fiches de propositions de SGE (sites géologiques exceptionnels) pour l'Outaouais. La plupart des propositions sont maintenant affichées sous l'appellation «Sites proposés». (Étape qui précède celle de «Site à l'étude» qui mène – on l'espère – à l'inscription définitive parmi les SGE.) Ces propositions concernent la discordance du lac Beauchamp, la sablière de Cantley, la marmite des Allumettières (ainsi nommée par votre serviteur) et... la mine Back-Wallingford de Buckingham. (Les stromatolites du pont Champlain ont été inscrits parmi les SGE, mais je n'y suis pour rien.)

Comme le site des SGE est en révision, j'ignore à quelle étape en sont ces dossiers. Pourrait-on ranimer celui de Back-Wallingford ? AJOUT (2 oct. 2016) - Il me revient à la mémoire que le Ministère avait enregistré la demande d'inscription de la mine aux SGE provenant d'un autre citoyen plutôt que la mienne (conversation téléphonique, 2013). Ce n'est sans doute pas mon nom qui apparaît au dossier, ce dont je ne me soucie d'ailleurs pas du tout. L'important est qu'il y a eu au moins deux demandes à l'époque. De qui provient l'autre ?


Extrait de ma demande d'enregistrement de la mine parmi les SGE

La mine de feldspath Back-Wallingford, qui a été active de 1924 à 1972, est creusée dans un large dyke de pegmatite qui recoupe des quartzites et des paragneiss grenvilliens. L’intrusion forme une éminence au nord d’un petit lac. On y trouve du microcline blanc, de l’albite verdâtre (cristaux de 1,5 m de diamètre), du quartz vitreux ou fumé, ainsi que de rares minéraux radioactifs (allanite, uraninite, thucholite). Le gisement a d’abord été exploité à ciel ouvert, puis par une série de gradins (6 m) qui s’enfoncent jusqu‘à 240 m sous terre. Les travaux ont formé une immense voûte soutenue par des piliers résiduels qui donnent à la mine l’aspect d’une cathédrale. Maintenant ennoyée, la mine est un site de prédilection pour les clubs de plongée sous-marine. La lumière du jour qui entre par les ouvertures multiples, les larges piliers qui émergent de l’eau turquoise et se perdent dans l’ombre de la voûte lui confèrent une allure fantasmatique mise à profit par les photographes. Le relatif isolement de ce joyau l’a préservé jusqu’ici.


Extrait de mon billet «Histoire minière de l'Outaouais (2)».

Mentionnons les deux sites principaux (d'exploitation du feldspath), ceux de la mine Back ou Wallingford (1924-1971) et de la mine Derry (1920-1969), toutes deux à Glen Almond, au nord de Buckingham. Si la plupart des gisements étaient attaqués à ciel ouvert, on a recouru dans leurs cas à des puits et des galeries souterraines. Le feldspath dentaire (dental spar), de qualité supérieur – il s’agit de microcline blanche sans impureté –, sert à la fabrication de dents artificielles. Jusqu’en 1930, date de l’ouverture d’un atelier à Buckingham pour broyer le feldspath et le quartz, la totalité de la matière extraite était expédiée à l’état brut à l’étranger, en premier lieu aux États-Unis.

À la mine Back ainsi qu’à la mine Villeneuve, au nord de Notre-Dame-de-la-Salette, se trouve de la péristérite, variété de feldspath sodique (ou plagioclase) pouvant être utilisée comme pierre gemme. Depuis 2002, dans le même secteur, Dentsply Canada ltd opère la mine Othmer et exploite une pegmatite pour le feldspath potassique.




Merci à François Lorenzetti, professeur en sciences naturelles à l'Université du Québec en Outaouais, qui m'a donné l'impulsion qu'il fallait pour que je sorte mon blogue de son demi-sommeil.


Dernière minute : une pétition

«Une pétition lancée pour sauver la mine Wallingford-Back», Louis-Charles Poulin, 1er oct. 2016, Info07. 

Ajout (2 oct. 2016)

Liens communiqués par Chantal Crête, porte-parole des Amis de la mine Back (https://www.facebook.com/groups/1131109223649483/) :
  • Lien direct pour la pétition (Avaaz) (300 et quelques signatures le 1er oct. vers 22 h ; 654 le 2 oct. vers 10 h.)
  • Amis.es de la mine Back : Lesamisdelamineback@gmail.com

AJOUT (2 oct. 2016)

Demande d'inscription de la mine Back-Wallingford aux SGE (saisie d'écran)

«État d'avancement : site proposé ;
Catégorie : site minéralogique» (J'aurais plutôt indiqué site patrimonial ou quelque chose du genre.)


Ministère des Ressources naturelles du Québec : carte interactive des données Sigéom (saisie d'écran).

Sources (géologie)

  • Luc Lafrenière, Minéralogie de la mine Back-Wallingford : un projet géotouristique en Outaouais, mémoire baccalauréat, Département des sciences de la Terre, Université d'Ottawa, 2006. https://drive.google.com/file/d/0B3udmeSsnEYrS0ppT0tYc0lRMzg/view
  • Papezik, V S., Rapport préliminaire sur la région de Glen Almond, cantons ce Derry et de Buckingham, comte de Papineau, rapport préliminaire 444, 1961, 12 pages, carte 1366 (1/12 000)
  • Papezik, V S., Final Report on Glen Almond-Poupore Area, Papineau County, DP 038, 1960, 54 pages, 4 cartes.
  • Sabina, A P., Rocks and minerals for the collector: Buckingham-Mont-Laurier-Grenville, Quebec; Hawkesbury-Ottawa, Ontario; Commission géologique du Canada, Rapports divers 33, 1986,90 pages; 1 CD-ROM, doi:10.4095/120600.

1 commentaire:

  1. Merci pour ce bel hommage. Voici le lien pour notre pétition https://secure.avaaz.org/fr/petition/Ministere_de_lEnergie_Ressources_Naturelles_elus_MRC_Papineau_La_sauvegarde_du_site_de_lancienne_mine_WallingfordBack_Mu/


    N'hésitez pas à suivre nos efforts de mobilisation et de sauvegarde de la mine sur notre page de Groupe Facebook "Les amis de la mine Back" https://www.facebook.com/groups/1131109223649483/

    Je m'empresse de partager votre blogué sur notre page.

    Auriez-vous de la documentation attestant cette demande de geosite? J'aimerais bien l'ajouter à nos documentation sur la mine.

    Merci Chantal Crête,
    une des amis.es de la mine Back
    Lesamisdelamineback@gmail.com

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