Fig. 1. Détail modifié de Pelletier (1927) ; légende adaptée
Late Precambrian
[Ligne rouge] Diabase
Earley Precambrian
[Gris]
Pg Pegmatite
Batholithic intrusives:
[Ocre]
m2 Grey granite-gneiss : remplacé par les
?
Buckingham Series:
[Mauve]
v1 Gabbro or gabbro-diorite (massive intrusions)
Grenville Series:
[Bleu]
g2 With predominent quartzite and granet-sillimanite gneiss
[Bleu]
g1 With predominent crystalline limestone [marbre]
Lac Noir : ajouté pour clarifier la carte, mais j'ignore quel nom il portait à l'époque (1927).
Ceux qui n'ont pas eu la chance d'assister à la conférence de Daniel Picard sur la «Singularités des Montagnes-Noires de Ripon» qui s'est tenue à Ripon (of course), pourront se rattraper avec la reprise. Rendez vous à la Cabane en bois rond, près du cégep de Hull, campus Gabrielle-Roy, vendredi 3 février 2017, 9 h 30 - 10 h 30 a.m. Voir mon billet du 22 déc. 2016 pour plus de détails.
À propos de ces Montagnes-Noires, j'ai affirmé un peu imprudemment, dans ce billet de décembre, que Faessler (1948) avait été le premier à cartographier ou à reconnaître le pluton des Montagnes-Noires, près de Ripon (QC).
Pelletier, vingt ans plus tôt (1927), avait pourtant déjà soupçonné l'existence du pluton dans la «highest elevation in the district» (p. 63). Je connaissais l'existence de son travail, disponible depuis peu dans Internet. Je viens tout juste de télécharger sa thèse de maîtrise.
En fait, Pelletier n'a fait qu'effleurer le bord oriental des Montagnes-Noires, de sorte que la forme et l'extension du pluton ne se laissent pas deviner sur sa carte (Fig. 1). Comparez avec celle de Faessler (Fig. 3).
Pour ajouter à la malchance, Pelletier a omis d'inscrire sur sa carte le code lithologique qui aurait permis d'identifier le type de roche qui forme le pluton. D'après la couleur et les autres affleurements tout autour, ce serait possiblement du «m2», soit du gneiss granitique gris.
Je n'ai pas encore lu le texte de Pelletier (1927). C'est un travail ancien, en partie obsolète dans sa nomenclature («Série de Buckingham», etc.) mais ses cartes sont détaillées, ses descriptions d'affleurements sont toujours valables et, pour l'amateur qui pratique la géologie au raz des pâquerettes, à la fois instructives et très évocatrices.
Selon M. Picard, les Montagnes-Noires doivent leur nom à un incendie qui ravagea le secteur en 1903 et qui aurait noirci le massif. La Commission de toponymie du Québec n'a aucune donnée sur l'origine du nom. Moi qui croyait que c'était à cause de la couleur de la roche, longtemps identifiée comme du gabbro sur les cartes, d'après celle de Faessler (1948). Le gabbro est en effet une roche particulièrement sombre (voir Fig. 2).
Fig. 2. I) Syénite claire et J) sombre gabbro du «pluton des Montagnes Noires» de Corriveau (1991, p. 95). La teinte noire du gabbro (du moins en cassure fraîche), expliquerait-il le nom du massif ? Les barres noires en bas des photos : 1 cm.
Historique de la description géologique du pluton des Montagnes-Noires
Pelletier, 1927 (Fig. 1) : anonyme et non cartographié en entier
- Roches granitiques grises (?) ;
- Classées parmi les intrusions batholitiques ;
- Le pluton n'est pas nommé ; Pelletier n'a relevé que la bordure orientale du pluton.
Faessler, 1948 (Fig. 3) : «roches des montagnes Noires»
- Gabbros et norites dans la moitié orientale des «montagnes Noires» (p. 17) ; il s'agit de roches basiques de la série de Buckingham (terme obsolète), unité 4 sur la carte de Faessler (Fig. 3) ;
- Le massif des «montagnes Noires», hors du pluton de gabbro, comprend des roches rouges de Pine Hill (terme obsolète), unité 5 sur la carte, très répandues dans toute la région (p. 7) ;
- Le pluton de gabbro-norite a une forme de larme, la pointe vers le sud ; il n'est nommé que de façon informelle.
Par la suite, jusqu'aux travaux de Corriveau (1991), les cartes de compilation suivent Faessler et assignent le gabbro au pluton qui demeure anonyme.
Dimroth, 1966 : une bulle anonyme (Fig. 4)
- Carte structurale montrant le pluton des Montagnes-Noires comme une entité circulaire anonyme.
Corriveau, 1991 (Fig. 2) : «Montagnes Noires pluton»
- Gabbro, au sud, et syénite et syénite quartzifère, au nord ; le pluton appartient à la suite de Kensington-Skootamatta (1075-1090 millions d'années (Ma) ;
- Âge du pluton : 1077 Ma ;
- Le pluton est baptisé («Montagnes Noires pluton») ;
- Le pluton s'étend vers l'ouest pour englober les «roches granitiques rouges» (syénites de Corriveau) qui y étaient exclues par Faessler (1948).
Corriveau, 2013 (Fig. 5) : «pluton de Montagne Noire»
- Monzonite et diorite (p. 73) ; cœur de diorite quartzifère excentré vers le sud (en creux) et bordure de syénite quartzifère sur les marges W, N et E (en relief) (p. 138) ;
- Le pluton appartient à la suite de Kensington-Skootamatta (1075-1090 Ma) ;
- Âge du pluton : 1077 Ma ;
- Désigné sous le nom de «pluton de Montagne Noire».
Fig. 3. Détail de la carte de Faessler (1948). Le pluton des «montagnes Noires» (gabbros et norites), de forme ovale, est au centre de l'image (unité
4, Faessler, p. 17). Notez le
Lac-en-Cœur dans l'angle sud-ouest de la carte.
Cliquez sur l'image pour la voir à sa pleine grandeur. (Les altitudes sont en pieds.) Des
roches granitiques rouges (p. 7), qui appartiennent au massif et s'étendent au delà du massif (unité
5),
sont hors des limites du pluton.
Légende simplifiée ; nomenclature des «séries» en partie obsolète
Jaune. - Dépôts de surface (mer de Champlain)
Violet. - Dyke de diabase
Série de Morin : 5 Ocre. - Pine Hill : granite et syénite ;
4 Ocre pâle. - Buckingham : gabbro, norite, mangérite et diorite quartzifère
Série de Grenville : 1 Bleu. - Marbre, paragneiss, quartzite.
Fig. 4. Carte structurale de la région entre la Gatineau et la Petite-Nation (modifié de Dimroth, 1966). Le pluton des Montagnes-Noires (j'ai ajouté le «
MN»), anonyme sur la carte, apparaît pour la première fois dans sa forme circulaire.
Fig. 5. Extrait de Corriveau (2013, fig. 50)
M : Montagne Noire ;
47 : autre pluton non relié.
B) Données altimétriques (régions élevées en clair) : le pluton de Montagne Noire (M) est formé d'un croissant de syénite (en blanc, élevé) et d'une masse de diorite (gris, zones plus basses) ;
D) Signatures aéromagnétique et radar superposées.
Le pluton de Corriveau s'étend plus vers l'ouest que celui de Faessler (Fig. 3), presque jusqu'à toucher le
Lac-en-Cœur (angle sud-ouest des images) et semble donc contenir l'unité 5 (granite et syénite ; migmatite) en plus de l'unité 4 (gabbro, etc.).
Références
- Corriveau L., 1991, Lithotectonic studies in the Central Metasedimentary Belt of the southwestern Grenville Province: Plutonic assemblages as indicators of tectonic setting. Commission géologique du Canada, recherches en cours, étude 91‑1C : 89‑98.
- Corriveau, Louise., 2013. Architecture de la ceinture métasédimentaire centrale au Québec, Province de Grenville : un exemple de l'analyse de terrains de métamorphisme élévé; Commision géologique du Canada, Bulletin 586, 251 p. doi: 10.4095/226449
- Dimroth E., 1966. «Deformation in the Grenville Province between Gatineau and the Petite-Nation river.» Neues Jahrbuch für Mineralogie-Abhandlubgen, 105 : 93‑109.
- Faessler, Carl. Rapport géologique 33. Région du lac Simon. Comté de Papineau. Québec, Ministère des Mines, Service de la carte géologique, 1948. 33 p., avec carte 638 (1/63 360).
- Pelletier, Rene A., Geology of the Thurso area, Quebec and Ontario, "Thesis, submitted in part requirement for the degree of Doctor of Philosophie, at McGill University, Montreal, 1927, http://digitool.library.mcgill.ca/R/?func=dbin-jump-full&object_id=140685&local_base=GEN01-MCG02