Détail de la carte 1506A (Richard, 1982)
Légende (adaptée)
DÉPÔTS ALLUVIAUX. – 6a (jaune) : dépôts récents ; sable silteux, silt, sable et argile ; 6b (orangé) : dépôts alluviaux anciens ; sable moyen, silt. SÉDIMENTS DE LA MER DE CHAMPLAIN. – 3a (bleu) : argile et silt (dépôts amincis par érosion fluviatile). DÉPÔTS GLACIAIRES. – 1a (vert) : till. PALÉOZOÏQUE. – R (rosé) : roche en place ; calcaire et shale, surfaces rocheuses tabulaires
souvent dénudées ; mince placage de dépôts meubles quaternaires ne dépassant pas 1 m.
Ligne dentée : escarpement. (Celle qui est au sud de l'île ne me semble pas très juste.
...
Je ne publie pas beaucoup ces derniers jours, ce qui ne veut pas dire que je néglige le blogue. J'y travaille, mais en coulisses.
Faut dire que j'ai été accaparé par la nécessité de corriger, peaufiner et modifier mon billet sur la géologie de l'Île-de-Hull (10 août 2013). La cause de ces rafistolages est la confiance aveugle que j'avais placée dans la carte 1506A de la Commission géologique du Canada. Selon cette carte des dépôts quaternaires de la région d'Ottawa publiée en 1982 (pas une antiquité, donc), l'Île-de-Hull toute entière, d'une rive à l'autre et du nord au sud en passant par l'est et l'ouest, est couverte au plus d'un mince placage de dépôts meubles ne dépassant pas 1 m*.
À une autre époque, j'ai déjà dit tout le mal que je pensais de la carte 1508A de la CGC. Permettez que je m'épanche à présent sur les horreurs de la 1506A.
Je m'étais résolu de mettre en ligne mon billet sur la géologie de l'Île-de-Hull, quand même tenaillé par une inquiétude non formulée. L'évidence du terrain contredisait la 1506A, ça crevait les yeux. Pensez à la rive NE de l'île : pas du tout rocheuse... Mais qui suis-je pour aller à l'encontre de la CGC ? Fouillant ma documentation, j'exhumai très vite (mais quand même trop tard) d'autres cartes, de la CGC encore, et du Ministère des Ressources naturelles du Québec, qui montraient que, si au S et à l'E, l'île était bien dépourvue de dépôts quaternaires conséquents, ces dépôts atteignaient 9 m en son centre et 15 m à son extrémité NE. (Voir détail des cartes en noir et blanc, plus bas.)
D'où, pour moi, la nécessité de réécrire et de réinterpréter de larges pans de mon texte. Heureusement, tout ça s'est fait assez tôt après la mise en ligne. Les retouches, ensuite, n'ont concerné que la forme.
.
Détail tiré du MB 86-43 (Théberge, 1986)
Légende (adaptée)
(Nous avouons que cette carte n'est pas très lisible.
C'est la version disponible en ligne. Si quelqu'un a quelque chose de mieux...)
RÉCENT. – 10 : dépôts organiques ; 9 : dépôts fluviatiles ; gravier, sable, silt, matière organique
DÉPÔTS DU PROTO-OUTAOUAIS. – 8-7 : dépôts de chenaux abandonnés ; silt, sable.
DÉPÔTS DE LA MER DE CHAMPLAIN. – 3 : faciès d'eau profonde ; argile, argile silteuse, silt,
lentilles de sable. DÉPÔTS GLACIAIRES. – 1 : till de fond. PALÉOZOÏQUE. – R : roche en place ;
calcaire et shale.
Les nombres sur des courbes de niveau (10, 20)
indiquent la profondeur en m des dépôts quaternaires.
...
Détail de Bélanger et Harrison (1980) :
Fig. 4. Drift Thickness Trend, Ottawa-Hull, Ontario and Québec
Intervalle des courbes de niveau : 10 pieds (3 m).
Les chiffres des courbes de 10 pieds et de 50 pieds (15 m)
sont rehaussés en noir pour une meilleure lisibilité.
C'est cette carte qui a été utilisée pour notre carte du billet
du 10 août 2013 (lien plus haut).
...
Qu'on ne vienne pas me dire qu'il s'agit d'un différent basé sur une interprétation de la réalité. La légende de la 1506A indique bien, concernant les secteurs assignés, comme l'Île-de-Hull, au Paléozoïque (R sur fond rosé) :
«Paléozoïque. Calcaires, dolomies, grès [...] surfaces rocheuses tabulaires et souvent dénudées ; comprend des surfaces recouvertes d'un mince placage pouvant aller jusqu'à 1 m (3 pi) d'épaisseur de dépôts meubles quaternaires.»
Aucune équivoque possible. Un socle presque dénudés sous moins d'un mètre de dépôts meubles n'est pas un socle invisible, enfoui sous 3 à 15 m de sédiments ! Et toutes les cartes consultées étant d'échelles comparables (1/20 000 et 1/50 000), on ne peut invoquer la nécessité de généraliser, pour des raisons de clarté, la géologie d'un «petit» secteur. D'ailleurs, hors de l'Île-de-Hull (au N du ruisseau de la Brasserie, entre l'île et le lac Leamy, par exemple), la 1506A est remarquablement détaillée. L'argument ne tient pas.
Deux cartes traitant de la géologie de la région s'avèrent peu fiables : la 1508A et la 1506A. Ce sont aussi les plus accessibles et les plus consultées.
Que dire de plus ?
Pour un certain temps, ne me parlez plus du Quaternaire. Le Quaternaire ne m'a jamais bien intéressé. J'ai d'ailleurs la conviction que, depuis la fin du Précambrien, la géologie n'est plus ce qu'elle était.
Parlez-moi plutôt du Protérozoïque. Je retourne à mes gneiss, granites, amphibolites et autres aplites...
* En écrivant dans la version primitive du billet du 10 août que, selon la 1506A, l'Île-de-Hull était couverte d'un till discontinu de moins de 2 m, j'ai donc commis une erreur, imputable à une confusion dans mes notes. Ma méprise n'annule pas celle de la 1506A.
Références
Bélanger, J. R.; Harrison, J. E., 1980 – Regional Geoscience Information : Ottawa-Hull. CGC, étude 77-11, 18 p., avec 8 cartes [dont Fig. 4. Drift Thickness Trend, Ottawa-Hull, Ontario and Québec. 1 : 50 000].
- Richard, S H, 1982 – Surficial geology, Ottawa, Ontario-Québec / Géologie de surface, Ottawa, Ontario-Québec. Commission géologique du Canada, Cartes série «A» 1506A, 1 feuille. [1/50 000]
- Théberge, J. 1986 – Cartographie géotechnique dans la région de Gatineau-Aylmer-Hull. Ministère de l’énergie et des ressources du Québec, MB 86-43. [Avec cartes au 1/20 000.]