Église de Saint-André-Avellin. Façade en pierre calcaire taillée, murs en «pierre du pays» (blocs erratiques du Bouclier canadien). Photo © Henri Lessard, janvier 2012.
Au début de l'année, j'ai publié un billet sur
l'église de Saint-André-Avellin, dans l'Outaouais, m'attardant à décrire les pierres qui avaient servi à l'édification de ses murs et à me questionner sur leur origine.
Or, voici que je découvre les indices de préoccupations semblables aux miennes dans un document intitulé
Glacial Features of Maryhill, document que nous devons à la plume (et à l'appareil photo) de Peter Russell (PDF d'environ 8 Mb, téléchargement un peu lent.)
Ce document traite, entre autres, des pierres qui ont servi à la construction de
l'église catholique St. Boniface de Maryhill, village situé à un peu plus de 10 km à l'ouest de Guelph, à l'ouest du lac Ontario. (Certaines sources parlent plutôt d'une
cathédrale.)
L'auteur décrit une situation qui ne nous appataît pas totalement exotique par rapport à la nôtre. La même glaciation a affecté nos régions respectives, les glaces laissant derrière elles les même débris (till, blocs erratiques, etc.) arrachés au même secteur du Bouclier canadien (soit la
province de Grenville).
Mur de l'église de Maryhill, à l'ouest de Guelph (Ontario) : blocs erratiques (gneiss, granite ou syénite, diabase). Source : Glacial Features of Maryhill, Peter Russell (capture d'écran ; lien donné plus haut).
Mur de l'église de Saint-André-Avelin, en Outaouais (Québec) : blocs erratiques (gneiss granitiques et mafiques). Photo © Henri Lessard, janvier 2012.
Les deux églises (Saint-André-Avellin et Maryhill) semblent avoir été construites selon une philosophie similaire : murs constitué d'un appareil de
blocs erratiques disponibles un peu partout (les
fieldstones de M. Russell) et parement de la façade en pierres de taille provenant d'une carrière : calcaire ou dolomie de l'Ordovicien (488-444 Ma) dans le cas de Saint-Andrée-Avellin, dolomie du Silurien (444-416 Ma) dans le cas de Maryhill.
L'église de Maryhill date de 1877, celle de Saint-André-Avellin, de 1886. C'est à se demander si on ne s'échangeaient plans et contremaîtres entre paroisses catholiques à cette époque.
M. Russel, à propos de la façade de l'église de Maryhill ne s'avance pas trop quant à la carrière qui aurait fourni les pierres de taille :
«The front of the church is composed of rectangular blocks of stone. Some of these rocks appear to be calcium magnesium carbonate (dolostone), which probably comes from the local bedrock.»
Je serai le dernier à lui jeter la... pierre pour ce flou dans son exposé, ne me souvenant pas avoir été plus précis moi-même au sujet de l'église de Saint-André-Avellin dans mon billet (lien plus haut), y suggérant Grenville, Hull ou Montréal comme lieux possibles d'origine des pierres calcaires de la façade...
Le texte de M. Russell décrit bien les
fieldstones utilisées dans la construction de l'église de Maryhill : pegmatite, syénite, gneiss variés, rien de bien exotique qu'on ne trouverait pas à Saint-André-Avellin, se sont les mêmes raclures (pardonnez mon irrespect) du Bouclier canadien auxquelles nous avons affaire.
La principale différence entre les deux villages est que Saint-Andrée-Avellin est située sur le
Bouclier canadien, tout près de la plate-forme du Saint-Laurent tandis que Maryhill, à l'inverse, est à l'intérieur de la plate-forme du Saint-Laurent, à un peu moins de 150 km au sud du Bouclier canadien.
Les vieilles pierres n'en finissent pas de faire parler d'elles...
Une église vue du ciel : St. Boniface de Maryhill, Ontario. Le regard céleste est un peu oblique... Photo © Google.