Marmites dans un dolomie (calcaire magnésien), à Guelph (Ontario).
La flèche indique l'arête formée par le recoupement des deux puits.
La flèche indique l'arête formée par le recoupement des deux puits.
Photo tirée de : Micheal Kunert et Mario Coniglio, 2002.
Pour comparaison, la marmite des Alumettières, à Gatineau, dans du calcaire (2007).
ADOPTION
Depuis que j'ai en quelque sorte adopté la marmite des Allumettières, à Gatineau, je ne néglige rien pour tenter de relier ce monument naturel à d'autres semblables qui pourraient exister dans la région. En plus des travaux déjà cités en références dans mon billet du 7 novembre 2009, j'aimerais ajouter un article qui a échappé à mon attention lorsqu'il est paru en 2002. (Il est vrai que j'étais à l'époque plus réticent à élargir la compréhension de la notion de «région» jusqu'au point que j'atteins ici.)
L'ARTICLE
Micheal Kunert et Mario Coniglio,
«Origin of vertical shafts in bedrock along the Eramosa River valley near Guelph, southern Ontario.»
Revue canadienne des sciences de la Terre, vol. 39, p. 43–52, 2002.
Le résumé gratuit (reproduit plus bas) est disponible ici.
MON RÉSUMÉ
On trouve, dans la région de Guelph (Ontario), dans la vallée de la rivière Eramosa, des puits verticaux, ou marmites en forme de tube, creusés dans une dolomie (calcaire magnésien). Leur étude conforte l'hypothèse que la marmite des Allumettières soit la conséquence de courants d'eau sous-glaciaires. Dans le cas des puits de Guelph, il est possible que les plus grandes marmites soient la reprise de phénomènes karstiques* immédiatement antérieurs à la dernière glaciation.
* Mots suivis d'un astérisque : voir «Lexique», plus bas.
RÉSUMÉ «OFFICIEL»
Plusieurs puits cylindriques, verticaux à sub-verticaux, se retrouvent dans les affleurements à relief accidenté de la Formation Amabel (Silurien moyen) le long de la rivière Eramosa, à environ 10 km au nord-est de Guelph. Le diamètre de ces puits varie de < 1 m à 10 m et les profondeurs atteignent 12 m. Ils se présentent sous forme de dépressions isolées mais sont généralement regroupés ensemble [sic] et forment des murs de roc sinueux. Ces dépressions peuvent contenir du sol, des sédiments fins, des débris de la roche dolomitique environnante et des roches clastiques arrondies de lithologies du socle précambrien. Le till est remarquablement absent. Ces puits se retrouvent tout près d’interstices caverneux qui ont été formés à l’époque du Pré-Wisconsinien[*] au Wisconsinien précoce, suggérant une possible origine karstique. Cependant, les puits cylindriques, avec leurs plus grands diamètres au point milieu, des intérieurs sculptés et des axes inclinés ainsi que l’absence de flûtes verticales et de till, tirent probablement leur origine d’une décharge fluvio-glaciaire à la fin du Wisconsinien tardif. La cavitation a peut-être aidé au développement de ces puits, rehaussant la puissance d’érosion des eaux de fonte chargées de sédiments.
Lexique
Wisconsinien, glaciation du : dernière des grandes glaciations du Quaternaire. Elle a débuté il y a environ 80 000 ans et s'est terminée à des dates d'autant plus tardives que nous considérons des régions plus au nord (13 400 ans à Guelf, 12 000 ans à Gatineau).
Karst : type de paysage formé par dissolution en surface du calcaire par les eaux courantes pouvant aboutir à la formation de cavités souterraines et de gouffres.
(A) Intérieur du Devil’s Well près de Guelph (Ontario), montrant les murs lisses et l'ouverture en surplomb.
Profondeur : 13 m ; diamètre : de 5 à 6,4 m.
La flèche blanche pointe un personnage qui donne une idée des dimensions du phénomène.
Profondeur : 13 m ; diamètre : de 5 à 6,4 m.
La flèche blanche pointe un personnage qui donne une idée des dimensions du phénomène.
(B) Puit circulaire caractérisé par un axe incliné. Profondeur : 2,5 m, diamètre : 1 m.
(C) Clastes polis et arrondis dont la mise en mouvement par l'eau a permis de creuser le puits.
La carte est graduée en cm.
La carte est graduée en cm.
Photos tirées de : Micheal Kunert et Mario Coniglio, 2002. (Texte : mon adaptation.)