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jeudi 6 février 2014

Pierres qui roulent (suite outaouaise, prise 2)



Localisation de l'éboulement (Champlain slide) sur l'escarpement d'Eardley, près de Gatineau (Québec), dans le parc de la Gatineau ; Champlain Lookout : belvédère Champlain.
Tiré de Hogarth (1998), par l'intermédiaire du blogue Guide Gatineau (billet de Charles Hodgson, «The Eardley Escarpment is Falling Down – Slowly», 7 juin 2010).









Il semble que les éboulements fassent boule de neige dans ce blogue (cf. billets des 5 et 3 févr. 2014) puisque voici une «séquelle» consacrée à celui qui s'est produit en 1956 ou 1957 (on ne peut pas être plus précis) à 800 m au nord-ouest du belvédère Champlain, sur l'escarpement d'Eardley, dans le parc de la Gatineau (Québec).

Pour les glissements de terrain, voir les billets des 18 et 19 sept. 2013. Ici, nous parlons de chutes de roche, et non de liquéfaction d'argile sensible.

Donald D. Hogarth, professeur de géologie de l'Université d'Ottawa maintenant à la retraite, a étudié à fond la géologie de la région, en particulier celle des collines de la Gatineau. J'ai cité quelques uns de ses travaux dans le blogue et, au fond, je devrais le faire à chaque billet. Il n'y a personne qui connait mieux la géologie de la région (du moins celle du Précambrien) que lui ou qui a publié autant sur le sujet.

À défaut d'avoir été témoin de l'éboulement, M. Hogarth a visité le secteur avant (1956) et après (1957) l'événement, ce qui nous donne une fourchette pour le dater. Dans un article du Trail & Landscape (1998), il explique l'effondrement par le lessivage de veines de calcite qui recoupent l'escarpement, localement composé de syénite et de granite (pegmatites et aplite). La calcite (en fait, la matière même d'une carbonatite, roche magmatique composée de carbonates – calcite, comme ici, ou dolomie) en allée, un pan de roc s'est désolidarisé du reste de la falaise et s'est retrouvé en bas, dans la vallée*.

* Carbonatites : voir, entre autres, le billet du 7 oct. 2012 ; pour la syénite (batholite de Wakefield), entre autres, celui du 1er août 2012.

Ou bien je réécris tout l'article de M. Hogarth, ou bien, ce qui serait plus raisonable, je vous invite à consulter la version mise en ligne dans le blogue Guide Gatineau par Charles Hodgson (lien sous la carte au début du billet).

«Today, the wall behind the slide is smooth, drab-gray and monotonous. Formerly it was almost white, interrupted by a narrow dyke of pink pegmatite running the length of the subvertical face, and by a layer of pink aplite at the top. The face showed a few carbonatite-sealed fractures but these were most evident in the huge blocks of dislodged rock at its base. Failure seems to have been most common along the contact of carbonatite and syenite or aplite, especially where these rocks had reacted to produce a coating of fine-grained amber mica or blue amphibole asbestos*. (Hogarth, 1998)»

* Voir, à propos d'une amphibole bleue «asbestiforme», le billet du 11 décembre 2013, «Les murs bleus de Cantley».







Belvédère Champlain, parc de la Gatineau (Québec), 22 mai 2010.
Vues vers le SW, l'est et le NW. N'ajustez pas votre appareil, ce sont les pires photos de toutes celles que j'ai pu prendre, mais ce sont les seules que j'ai de ce pourtant très photogénique belvédère. Au loin, la rivière des Outaouais, puis la plaine d'argile de la mer de Champlain et, enfin, l'escarpement d'Eardley, élément du graben d'Ottawa-Bonnechère et rebord du Bouclier canadien.


Référence

  • Donald Hogarth, «Rumblings in the Park: An explosion and related rock slide near Champlain Lookout, a billion years apart.», Trail & Landscape (The Ottawa Field Naturalist’s Club), April-June 1998.

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