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mardi 10 novembre 2015

Hors sujet : des arbres nourris de bois au parc Jacques-Cartier


Voir suite (3 sept. 2016).


1. Un des éléments de l'escarpement long d'environ 60 m au nord du parc Jacques-Cartier, sur la rive droite du ruisseau de a Brasserie, à Gatineau (Québec). Photo 9 nov. 2015.


Dans ma recherche des vestiges qu'auraient laissés d'anciens ruisselets qui, autrefois, se jetaient dans le ruisseau de la Brasserie au nord de l'Île-de-Hull (billets du 7 nov. et du 1er nov. 2015), je suis passé par la pointe NE de l'Île, à l'extrémité du parc Jacques-Cartier (CCN).

Marchant le long de la rive droite du ruisseau de la Brasserie, près de son embouchure dans l'Outaouais, j'ai aperçu, dans ce qui était jusqu'alors une terra incognita pour moi, un escarpement terreux sur lequel des arbres avaient étalé leurs racines. L'attaque de l'érosion par les crues printanières a déjà fortement entamé la terre. Les racines sont à nu, les arbres menacent chute, le sol est plus troué qu'un gruyère.

Un mur de terre si près de la rive, c'était surprenant. Les crues d'un ou deux printemps en seraient venu à bout. Regardant de plus près, je me suis rendu compte qu'il s'agissait non de terre, mais de... bois, de bois pourri. Les arbres poussent sur de minces planches de bois empilées. Le bois, à plusieurs endroits (photo 5), est presque intact.

Bizarre.

De 1873 à 1930, la Gilmour and Hughson Company a exploité un moulin sur le site (précisions que j'ai obtenues de retour chez moi). Le bois était empilé dans les cours à bois, bien sûr, sur le plateau, en hauteur, assez loin du ruisseau, et non pas sur le bord de l'eau, mauvais endroit pour la conservation du bois de sciage et même du bois tout court.

Un texte de Michael Davidson datant de 1998 m'a finalement éclairé :

«A definite soil layer of rotting sawdust from a foot to eight feet deep is exposed along the bank of Brewery Creek.»

Il s'agirait de sciure de bois, ou plutôt, comme j'ai pu le constater, de morceaux de bois empilé, et non de planches, comme je l'avais cru. Davidson parle de «soil layer», alors que ma première impression a été celle d'un mur discontinu, long d'environ 60 m, érigé face à la rive. Est-ce la morsure des hautes eaux du printemps qui donne ce rebord vertical à la couche de débris ? Dans un sens, les racines des arbres maintiennent plutôt qu'elles n'attaquent l'empilement de poussières et de débris de bois.

Ce bois où poussent des arbres aurait donc, au minimum, 85 ans. J'ignore si ce genre de cas de figure est fréquent, mais si les arbres se mettent à en bouffer d'autres par leurs racines, où allons nous ?

Je reviendrai sur ce site où abondent des vestiges, peut-être pas très spectaculaires, mais très intéressants.

Toutes les photos : 9 et 10 nov. 2015.



2. Un autre pan de l'escarpement ou du mur. Le site, très boisé, ne permet pas assez de recul pour donner une belle perspective. À moins de marcher dans l'eau...



3. Même endroit, autre angle. Étrange que les racines se soient étendues en largeur plutôt que de s'enfoncer dans la masse de sciure tendre. Le bois répugnerait-il à dévorer du bois ?



4. Plan général du détail figurant à la photo 1.



5. Ici, le bois est intact, ou presque, après plus de 85 ans. On retrouve la pointe de bois frais à l'extrémité droite de la photo 3.



6. Détail de la photo 5. En noir, du bois brûlé ?


7. Arbre mort près des ruines d'un bâtiment de la Gilmour. Il y en a plusieurs dans les parages a avoir basculé de cette manière.

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