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mardi 11 août 2015

Bassin dans le calcaire de l'Île-de-Hull (Oups !)



Fig. 1. Travaux du chantier des Immeubles DSM du bassin Morin-Papineau-Montcalm dans un calcaire de l'Ordovicien moyen-supérieur (488-461 millions d'années), à Gatineau.
Le site est tout près de failles majeures et j'avais espéré en voir de belles déranger l'ordonnance des lits de calcaire, comme sur la rue Eddy, 400 m au SE (billet du 5 avril 2014, et carte, plus bas). Au lieu de spectaculaires ruptures, on a une ligne horizontale, nette et continue, entre le calcaire sombre parcouru d'entrelits de shale et le plus clair. [En réalité, les couches plongent légèrement ± vers l'W.]
Visée vers le NW. Photo 9 août 2015, sauf indication autre.


Résumé

Anciennes carrières dans un calcaire faillé de l'Ordovicien moyen-supérieur (470-444 Ma), plate-forme du Saint-Laurent.

Localisation

Angle des rues Montcalm et Gagnon, à Gatineau (anciennement Hull), Québec.

Ailleurs dans le blogue, sur le même sujet

5 avril 2014, «Calcaire faillé dans le Vieux-Hull»
6 juillet 2013, «Calcaires hullois : la carte» (et suivre les liens)

Photos

9 août 2015, sauf indication autre.


La Ville de Gatineau creuse un nouveau bassin (de collecte des eaux de pluie ?) sur le territoire de l'ex-Ville de Hull*.


* Voir «Correction», à la fin du billet !

Il aurait pourtant suffit d'aller un peu plus au nord pour dégager les anciennes carrières de calcaire maintenant comblées (voir la carte, plus bas).

Bon, j'avoue être de mauvaise foi ; il est probable que l'utilisation actuelle du sol ne permettait pas une autre solution.

Morale de l'histoire : l'ancienne Ville de Hull est une ville comblée (et creusée).


Cinquante teintes de gris, de brun de bleu...

Le chantier étant clôturé, je n'ai pu récolter d'échantillons. La roche locale étant généralement décrite comme du calcaire de teintes variées (gris clair ou foncé, bleu foncé ou brunâtre) entrelité ou non de shale (noir), je tiendrai jusqu'à nouvel ordre que nous avons là l'explication de la coupure entre le haut, sombre (calcaire gris-brun et shale) et le bas, clair (calcaire gris pâle que la poussière du chantier blanchit encore), des parois du bassin de l'excavation.

Selon Sanford et Arnott (2010), le calcaire (gris, bleu ou brun) appartient au groupe de Trenton de l'Ordovicien moyen et supérieur (461 à 488 millions d'années).


Une faille et des anciennes carrières

Je n'ai pas réussi à trouver l'exact équivalent de la configuration du bassin de l'excavation dans les carrières situées immédiatement au nord (voir la carte, plus bas). Il faut tenir compte du fait qu'une faille passe entre le bassin le chantier et les carrières (billet du 5 avril 2014, lien plus haut). Quoique, le rejet de part et d'autre de la faille n'est pas très important (le compartiment sud est abaissé de quelques m au point E de la carte) et ce décalage n'est pas nécessairement plus important que celui entre deux carrières plus ou moins profondes creusées à des niveaux différents.

Le bassin Morin-Papineau-Montcalm chantier (B sur la carte) est situé immédiatement au sud de la faille (F), dans le compartiment abaissé. Rien n'y paraît sur le terrain, ce qui ne doit pas nous alarmer, le trajet d'une faille est souvent plus capricieux que le tracé rectiligne que lui donnent les cartes.

La carrière la plus proche du bassin chantier est la carrière Morin (P4 sur la carte), travaillée sur un front de 60 m (étrange que rien n'en paraisse plus !) Parks (1916) en donne la coupe suivante, du haut vers le bas :


  • 1,80 m. — Lits d'une pierre brunâtre ; l'épaisseur des lits atteint 35 cm.
  • 6 m. — Pierre grise et brune entrelitée ; les bandes brunes dominent. Les lits atteignent 40 cm. 
  • Notes. - Les couches plongent vers le NW selon un angle bas [perceptible sur la photo 2a]. Le calcaire servait à produire de la blocaille et de la pierre concassée.


Sédimentation

La transition entre la sédimentation du calcaire clair inférieur et le sombre, entrelité de shale, s'est faite sans rupture ou discontinuité. La prévalence plus marquée des lits de shale vers le haut de la séquence enregistre le passage d'une sédimentation calcaire en eaux peu profondes, agitées par les marées et les vagues, à une dans un milieu plus calme et plus profond où les sédiments fins (argile) ont pu s'accumuler en couches distinctes. (Ajout 22 août 2015. – Toute la séquence s'est déposée sur le plateau continental, profond au plus de 200 m.) Des apports épisodiques de sédiments fins durant des moments d'accalmie ne sont pas non plus à exclure. Pour en dire plus, il faudrait un examen détaillé des parois du bassin de l'excavation.

Une sorte d'équivalent montréalais (groupe de Trenton) est visible ici (photo 3).


Ajout (11 août, après mise en ligne du billet)

Étant retourné voir le site, j'ai pu constater que les travaux, au pied de la paroi de la rue Montcalm (cf. fig. 1), s'attaquent à un banc de roche noire (shale ?) d'une épaisseur d'au moins 1 m.

Références

  • Parks, Wm.A., Rapport sur les pierres de construction et d'ornement du Canada, vol. III, province de Québec. Ministère des Mines, Division des mines, rapport 389, 1916, 405 p.
  • Sanford, B.V. et Arnott, R.W.C., Stratigraphic and structural framework of the Potsdam Group in eastern Ontario, western Quebec, and northern New York State, Commission géologique du Canada, Bulletin 597, 2010, 83 p.



Fig. 2a. Visée vers le SE ; rue Montcalm, à droite. La plongée ± W des couches est nettement perceptible. Aucune évidence de la faille qui passe tout près de l'endroit (voir la carte, plus bas). Photo suivante (fig. 2b), prise le lendemain (10 août) : détail. Le calcaire gris clair, sous la poussière du chantier, apparaît gris moyen en surface propre.






Fig. 3. Visée vers le SW. Vues sous cet angle, les formations paraissent horizontales.



Fig. 4. Le commentaire éditorial n'est pas de moi. Voir la «Correction» à la fin du billet (fig. 5) !



Carte 1. Quelques anciennes carrières de calcaire de la ville de Hull (maintenant Gatineau).
Fond : © Google ; annotations : © Henri Lessard, 2013-2015
B : bassin Morin-Papineau-Montcalm excavation décrite dans le billet ;
E : calcaire faillé de la rue Eddy (voir le billet du 5 avril 2014, lien plus haut) ;
F et ligne noire : l'une des principales failles qui découpent le socle. C'est le compartiment SW qui est abaissé (billet du 5 avril 2014) ;
A, G, P, U : anciennes carrières de calcaire (voir le billet du 6 juillet 2013, lien plus haut, pour la carte complète et les sources).


Correction (13 août 2015)


Fig. 5. Panneau des Immeubles DSM, rue Montcalm. Il était trop évident, je ne l'ai tout simplement pas vu !... Faut dire que j'ai découvert les travaux en venant de la rue Morin, derrière le chantier DSM, où le panneau de la fig. 4, celui du bassin Morin-Papineau-Montcalm, m'est aussitôt apparu. (On l'aperçoit d'ailleurs, à la droite du grand panneau, au fond, sous le feuillage des arbres.) Photo 13 août 2015.


Je ne suis pas si distrait que ça, finalement. En réexaminant mes photos, je me suis rendu compte que le panneau de la photo 5 n'était pas encore en place le 9 août, jour de ma première visite du chantier. Voyez les photos 1 et 3, datée du 9, où il est absent alors qu'on devrait l'apercevoir s'il avait été installé à cette date. Le panneau apparaît toutefois, de dos ou de profil, sur les photos prises à partir du 10 août.


Fig. 6. Celle-ci ne m'avait pas échappé (à gauche sur la photo 5). Photo 11 août 2015.


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