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lundi 30 juin 2014

L'Outaouais, 1844, vu de l'Angleterre



Canada. Including New Brunswick, Nova Scotia, Newfoubdland, &c.
(J'aime cette façon d'abrévier «etc.») Extrait de Dr. Brookes's General Atlas of Modern Geography Containing Thirty Four Maps With The New Discoveries & Territorial Arrangements. Londres, Darton and Clark, Holborn Hill [1844]. La carte mesure 10,5 po. x 8,5 po, ou env. 26,5 cm x 21, 5 cm.


La fin juin et le début juillet étant en quelque sorte un temps des fêtes estival qui fait miroir avec l'autre, l'hivernal, de la fin décembre et du début janvier, il ne faut donc pas s'étonner si le Père Noël descend du ciel apporter les cadeaux que notre sage conduite nous a destinés.

C'est ainsi qu'est venu en ma possession un exemplaire du General Atlas of Modern Geography publié à Londres en 1844 par Darton et Clark.

Je vous présente la planche consacrée à l'est du Canada.





Commentaires sur la carte et les détails


Il est amusant de voir les distorsions imposées par le temps, mais aussi par l'espace. L'Outaouais, en particulier, était à l'époque bien mieux cartographiée que ne le montre la carte. Du point de vue de l'Angleterre, dépenser du temps à détailler cette petite rivière était peut-être considéré comme du gaspillage.

Pourtant, d'où et par où venait, depuis les guerres napoléoniennes, le bois nécessaire à la construction des vaisseaux de la Royal Navy, sinon de et par l'Outaouais ?

«Les principaux centres d'abattages étaient situés dans le bassin de l'Outaouais qui renfermait les plus belles pinières du Québec (Hamelin et Roby, p. 214).»

Mais revenons à la carte.

L'Outaouais («Ottawa or Grand R.») est très sommairement représentée. Il lui manque, entre autres, les zigzags imposés par le contournement de l'Île aux Allumettes et de l'Île du Grand Calumet, à l'ouest du lac des Chats (devenu «L. Chat», au singulier).

Tout le territoire au nord de la rivière semble Terra Incognita et est laissé en blanc (ou plutôt en rose).

On se demande pourquoi des communautés déjà bien établies à l'époque (Hull, ou Wright Town, Bytown (future Ottawa), la seigneurie de la Petite-Nation) ne figurent pas sur la carte à la place du petit Lochabar* (Thurso)...

* Sic : Lochaber. J'ai relevé dans Internet quelques occurrences de Lochabar. Lochaber ou Lochabar, le nom est d'origine écossaise. L'éditeur britannique a peut-être trouvé la forme en ar plus exacte ?

Idem pour les affluents de l'Outaouais. La Dumoine, la Noire (?) et la Coulonge («Riv. du Nord»*?) sont représentées de façon approximative et pour un court tronçon en amont de leur embouchure, alors que la Gatineau, la Blanche, la Lièvre et la Petite-Nation (au Québec) sont laissées pour compte. Les rivières ontariennes sont mieux choyées : Madawasca (auj. Madawaska), Rideau et Petite Nation (auj. rivière Nation ou Nation Sud, ne pas confondre avec sa quasi homonyme su Québec, de l'autre côté de l'Outaouais...).

* La rivière du Nord rejoint l'Outaouais à l'ouest de Montréal. Je n'ai trouvé aucune mention d'une rivière de ce nom où la situe la carte, à l'extrémité ouest du «Lac Chat». Histoire de compliquer les choses, l'Outaouais à parfois été surnommée la rivière du Nord. Ah, la toponymie n'est pas une science exacte.)

Le cartographe a indiqué de nombreux peuples amérindiens. Si on reconnait les Algonquins, on suppose que les Ticameonets, que même Google ignore, doivent être nos Atikamekws (ou Attikameks). Les Piektuacamis, ignorés eux aussi de Google, me laissent perplexe. Cependant, «Pekuakami» est le nom montagnais du lac Saint-Jean (cf. peuple Pekuakamiulnuatsh.)

Mais j'entre là dans un domaine que je connais très mal.


Proposition de jeu

Trouver une carte comparable du même territoire, mais moderne, et jouer avec elle et la carte de Darton et Clark au jeu des 777 777 777 distorsions (parler d'erreurs serait injuste). L'auteur du billet vous en a déjà pointé quelques-unes.


Référence de la citation

  • Jean Hamelin, Yves Roby, Histoire économique du Québec : 1851-1896, coll. «Histoire économique et sociale du Canada français», Montréal, Fides, 1971, 440 p.



Un ancien utilisateur de l'ouvrage a indiqué au crayon de plomb l'emplacement d'Ottawa, à l'embouchure de la Rideau.


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