mercredi 29 octobre 2014

Marbre, rideaux et vieilles guenilles : suite et persévérance


Fig. 1. Rideau pétrifié : strate ou mince filon plissé dans un marbre, au fond du Lac-des-Seizes, dans les Laurentides (Québec). La lente dissolution du marbre fait ressurgir l'inclusion, moins soluble dans l'eau. L'effet est assez spectaculaire, je dirais même féérique !
Photo Jean-Louis Courteau, oct. 2014.


Jean-Louis Courteau, décidément très persévérant, a rapporté du fond du Lac-des-Seize-Îles cette nouvelle photo d'une inclusion résistante dégagée par la dissolution du marbre qui l'enferme. On croirait voir un rideau de pierre naturel, avec plis et replis.

Voir, pour plus de détails, ces deux précédents billets :

26 oct. 2014, «Marbre, rideaux et vieilles guenilles : suite»
28 sept. 2014, «Marbre, rideaux et vieilles guenilles»


Des formations semblables peuvent être aperçues au bord des rivières. J'ai sorti de mes archives ce rideau pétrifié dont j'ai déjà parlé dans un billet daté du 20 juin 2010 (lien). Dans ce cas, l'action de l'eau courante a permis à l'eau de concentrer ses attaques à des endroits particuliers :

Île Marguerite, Gatineau (Québec) : marbre érodé par l'eau courante (rivière Gatineau). Sous une inclusion résistante plissée, les tourbillons ont creusé des cupules dans le marbre. 
Photos, Henri Lessard, juin 2010.


Fig. 2. Bande de gneiss (?) sombre dans un marbre blanc (le rose est dû à une altération superficielle). La bande de gneiss est plissée ; la dissolution lente du marbre (érosion par l'eau courante) a dégagé le gneiss qui apparaît comme la bordure d'un rideau pétrifié émergeant de la pierre. Le stylo bleu, partiellement visible en haut, à droite, donne l'échelle.


Fig. 3. Remarquez les cupules (flèches) sous les arches (ou anticlinaux, parlons savant) du gneiss, creusées par l'eau piégée tourbillonnant entre le marbre, roche soluble, et la voûte résistante. La rivière Gatineau coule à peu près dans la direction indiquée par les flèches. (À l'époque de la publication de ce document dans le blogue, j'avais l'habitude de numéroter les photos. Habitude fastidieuse que j'ai abandonnée.)


Fig. 4. Gros plan du «rideau» et d'une cupule. Celle-ci s'est approfondie en progressant vers l'aval, sous le gneiss, et semble présenter deux niveaux.

dimanche 26 octobre 2014

Marbre, rideaux et vieilles guenilles : suite


Fig. 1. Inclusion rocheuse dégagée par la dissolution du marbre au fond du Lac-des-Seize-Îles (Laurentides). Photo et cueillette sous-marine, Jean-Louis Courteau, 2014.


Suite du billet du 28 sept. 2014, «Marbre, rideaux et vieilles guenilles».


Malgré les apparences, il ne s'agit pas d'un morceau de feutre tout juste retiré de la laveuse (fig. 1 et 2), mais bien d'une inclusion remontée du fond du Lac-des-Seize-Îles par Jean-Louis Courteau.

Le marbre des Laurentides est une roche bien inclusive, mais qui se froissait facilement à l'époque de sa jeunesse*. Les inclusions (granite, gneiss...) qui la traversaient ont gardé quelques faux plis de cette époque. La dissolution du marbre au fond des lacs par l'action de l'eau dégage peu à peu ces inclusions chiffonnées, plus résistantes à l'érosion.

J'ai beau en avoir déjà vu, c'est toujours le même étonnement.

* Marbre de la province de Grenville, plus d'un milliard d'années.


Blogues de Jean-Louis Courteau

Voir aussi les articles du blogue liés au libellé «Marbre (fluage)».


Fig. 2. L'inclusion de la fig. 1, vue par la tranche. Admirez les plis serrés... Photo ; Jean-Louis Courteau, 2014.


Fig. 3. La roche mère, au fond du Lac-des-Seize-Îles, d'où provient l'inclusion. Tout n'est pas parfaitement identifiable. On remarque quand même, au centre, les plis que forme une mince strate rocheuse. Photo Jean-Louis Courteau, 2014.


Fig. 4. Exemple plus local : inclusions plissées dans un marbre «aérien» : il suffirait de laisser le massif rocheux tremper au fond d'un lac quelques centaines d'années et plus pour que les inclusions ressortent en relief.
Parc de la Gatineau, chemin Dennison (piste 5), 12 juillet 2012.

samedi 25 octobre 2014

Le chenal Bronson au régime sec


Fig. 1. Fond asséché du chenal Bronson, à l'est du pont de la Chaudière, à Ottawa : restes du glissoir qui l'occupait autrefois ? Photo Louise Nathalie Boucher, 1er sept. 2014. Mme Boucher est  professeure à l'Université d'Ottawa ; elle est l'auteure de Interculturalité et esprit du lieu : les paysages artialisés des chutes des Chaudières (Univ. d'Ottawa, 2012).


Résumé

Travaux au chenal de l'ancien glissoir Bronson qui date du XIXe, à Ottawa, dans le secteur des Chaudières.
31G/05
45.418773, -75.716419
Autres billets reliés au sujet
8 juin 2013, «Chutes des Chaudières : voir la suite»
17 mars 2013, «Trou du Diable numéro bis et chenal perdu»
7 mars 2013, «Cave ou caverne ?»


On mène au moins depuis la fin août des travaux dans le chenal de l'ancien glissoir Bronson, entre l'île Victoria et la rive droite de la rivière des Outaouais, à Ottawa.

Le chenal à l'origine, est naturel, de même que la dénivellation, aujourd'hui occupée par l'écluse fixe (ça existe ?) qui le ferme en aval. Le lit et les rives du chenal ont été tant «améliorés» qu'il est difficile de se faire aujourd'hui une idée de la topographie originelle. Les strates du calcaire ordovicien (488-444 millions d'années) qui forment le socle rocheux ont aidé les ouvriers par leur disposition horizontale à obtenir un fond plat et régulier. Je vous renvoie à cet égard à mes billets de mars et du juin 2013 (liens plus haut).

L'assèchement du chenal permet de voir les différentes étapes de son évolution, le rehaussement des murs, le creusement d'un chenal dans le chenal...

Je vous reviendrai avec quelques détails historiques sur le chenal.


Fig. 2. Secteur des Chaudières (les chutes, à sec, ou presque, sont visibles à gauche, sous le barrage en hémicycle), entre Gatineau (nord) et Ottawa (sud). Les X indiquent les deux sections du chenal Bronson, de part et d'autre du pont de la Chaudière. Le X' marque l'écluse qui ferme le chenal (photos 9-12). Photo : © Bing.


Sauf indication contraire, les photos qui suivent sont de Henri Lessard et datent du 25 oct. 2014.


Fig. 3. Le chenal Bronson, tronçon à l'ouest du pont de la Chaudière. Il s'agit d'un chenal double, un muret, à droite, le sépare du chenal qui alimente une station électrique en aval.


Fig. 4. Strates de calcaire ordovicien, bord sud du chenal.


Fig. 5. Section du chenal à l'ouest du pont de la Chaudière. Les strates de calcaire horizontales ont fourni un plancher uniforme au lit du chenal. Le mur nord a été rehaussé à une certaine époque.


Fig. 6. Section du chenal Bronson à l'est du pont de la Chaudière. Un «trottoir» en bois recouvre une tranchée creusée dans le lit du chenal : les restes de l'ancien glissoir (fig. 13) ?


Fig. 7. Le «trottoir».


Fig. 8. Le «trottoir», encore, et le mur nord, avec son rehaussement bien visible.


Fig. 9. L'extrémité aval du chenal. D'après les strates visibles à droite (au sud), il est évident que le relief original a été retravaillé. On voit à gauche le «chenal dans le chenal», sans le trottoir qui le recouvre ailleurs. Des branches d'arbres sont demeurées coincées (en haut, au centre) dans l'ouverture où s'écoule normalement le surplus d'eau. Au loin, à droite, la Bibliothèque du Parlement (voir fig. 13.)


Fig. 10. Même vue que la fig. 9, avec le Parlement à l'arrière plan. (Voir fig. 13.)


Fig. 11. L'écluse qui ferme le chenal, vue de l'autre sens (visée vers l'ouest, vers l'amont) : la forme noire verticale au centre de la photo est le plan sur lequel le surplus d'eau s'écoule. Photo mai 2013.


Fig. 12. L'écluse, mais avec de l'eau. Photo juin 2013.


Fig. 13. Glissoir «des chutes Chaudières» (sic), vers 1880-1900. En fait, le glissoir du chenal Bronson. Sous le pont de bois, la pente fait un brusque dénivelé. Le bâtiment avec la double rangée de fenêtres, à droite, est occupé de nos jours par le Mill St. Brew Pub (photo 11 ; billet du 8 juin 2013, lien au début du billet). On voit la Bibliothèque du Parlement et le Parlement lui-même (l'ancien, avant l'incendie de 1916) au loin. Comparer avec les fig. 9 et 10.
Famille Bronson, Bibliothèque et Archives Canada, PA-147886
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/cd/Timber_slide_Chaudiere_Falls.jpg

dimanche 19 octobre 2014

Nouveau retour à l'erratique de Chelsea


Bloc erratique de la piste 1 du parc de la Gatineau, à Chelsea (Québec), 19 oct. 2014. Hauteur apparente : env. 3 m ; circonférence : env. 20 m.


Le document appuyé sur le sac à dos, à gauche, format papier lettre, donne l'échelle ; 6 août 2011.


Le même, tel qu'il était le 22 mai 2000.


Le bloc erratique du parc de la Gatineau, à Chelsea (Québec), continue de monter la garde près de la piste 1, à quelques dizaines de mètres de la promenade.

Il a peu changé au cours des dernières années. Cet erratique semble avoir oublié la signification de son épithète. Il ne bouge plus, ce qui permet au moins de savoir où le retrouver.

Plus de détails dans ces anciens billets.

lundi 13 octobre 2014

Gabbro pincé




Lentille de gabbro à hornblende pincée dans des gneiss droits (détail). Les cristaux de hornblende (en noir) ont l'allure de têtards glissant les uns sur les autres.
Zone de cisaillement de Maberly, route 7, à l'est de Maberly (Ontario), 12 octobre 2014.



Version (un peu plus) longue, 30 mars 2015.

jeudi 2 octobre 2014

Eaux, glaces et cavernes


Saisie d'écran, © Éditions MultiMondes
Eaux, glaces et cavernes
Bernard Lauriol* et Pierre Bertrand**
Éditions MultiMondes, Québec, 2014
* Professeur titulaire en géographie physique à l'Université d'Ottawa
** Photographe et graphiste


Eaux, glaces et cavernes ; un livre magnifique de Bernard Lauriol et Pierre Bertrand ; des photos exceptionnelles, un texte texte précis et accessible.

L'eau tantôt fluide, tantôt solide ; la calcite, soluble dans l'eau... Les auteurs se sont employés à étudier et répertorier les milles et une formes plus ou moins stables que prennent l'une et l'autre à l'entrée des cavernes de la vallée de l'Outaouais. Depuis l'écume gelée, les bulles d'air autogène et exogène, les draperies de glaces (éphémères) et les draperies de calcite (durables) en passant par le lait de lune et les pipkrakes, leurs divers avatars cristallins ou amorphes sont admirablement décrits et illustrés.

On se demande si certains scientifiques ne sont pas avant tout de grands poètes...

Pour ceux à qui une vison grosso modo du monde ne suffit pas et que quelques gros plans de merveilles remplissent d'aise.

Ce livre sublime (puisqu'il y est question de l'eau dans tous ses états...) s'adresse à tous ceux qui s'intéressent à la nature, de l'Outaouais en premier lieu, mais aussi d'ailleurs. Ils se précipiteront se le procurer, bien sûr...


Ce qui suit est tiré du site Internet des Éditions MultiMondes (LIEN).


Saisie d'écran, © Éditions MultiMondes

«Ce livre offre une extraordinaire description de l'eau et des glaces rencontrées à l'entrée des cavernes qui s'ouvrent dans les forêts de l'est du Canada. De remarquables photographies et des commentaires écrits dans un style clair et concis transmettent aux lecteurs une compréhension d'un univers qui fascine par sa beauté et sa diversité.»


Données techniques

Catégorie : Environnement
Parution : 2014-09-01
Format : 23 cm x 28 cm
Pages : 144
Reliure : souple
ISBN : 978-2-89544-476-3
Format papier : 34,95$
Format Pdf : 24,99$


Table des matières

Les cavernes de l'Outaouais
L'écoulement concentré
La condensation
La percolation
Remontées capillaires et mouvements pelliculaires
Conclusion