samedi 29 octobre 2011

Stromatolites du Transitway, à Ottawa

Stromatolite vu en coupe. La structure en dôme, la succession des feuillets, sont bien visibles.
Ottawa (Transitway, jonction avec la prom. de l'Outaouais), 29 oct. 2011.


J'ai découvert* aujourd'hui à Ottawa un nouvel affleurement de stromatolites, plus de 2 km au sud des stromatolites du pont Champlain (Gatineau) dont j'ai déjà parlé (lien billet principal ; voir aussi ce texte, bien «sérieux», en anglais).

* La découverte en question est très relative, en tout cas très personnelle. Je ne suis sûrement pas le premier à les avoir aperçus.

Stromatolite, Ottawa (Transitway), 29 oct. 2011.


Localisation
Station d'autobus Dominion, jonction de la promenade de l'Outaouais et du Transitway. Noter qu'une partie des affleurements intéressants est située dans la partie interdite d'accès aux piétons du Transitway (voies pour autobus) et ne peuvent s'admirer que de loin. Utilisez le zoom de votre appareil photo, «ils» font respecter l'interdiction...

Succession de «coussins» de stromatolites ; sous la ligne blanche, 
les strates de calcaire sur lesquelles ils se sont édifiés. 
Ottawa (Transitway), 29 oct. 2011.

Pour comparaison, reprise d'une photo des stromatolites 
du pont Champlain, à Gatineau (oct. 2007).
Peu d'eau, mais que de dômes !

Toujours pour comparaison, quelques stromatolites 
du pont Champlain, à Gatineau (oct. 2007), encore. 
Vue en plan de la structure feuilletée.


Rappel
Les stromatolithes sont des édifices minéraux (calcaire) construits par des colonies bactériennes marines, telles les cyanobactéries. Ils prennent la forme d'une accumulation de minces feuillets biominéraux successifs. Ceux de la région se retrouvent dans une formation calcaire dite du groupe d'Ottawa, datant de l'Ordovicien inférieur (488-461 472 millions d'années). (Correction 19 nov. 2011.)

Un détail de cette photo ouvre le billet. Sous les stromatolites 
plus ou moins bien conservés, les strates de calcaire.
Ottawa (Transitway), 29 oct. 2011.


Plan, plat et coupe
Dans le cas du site du pont Champlain, à Gatineau, on voit les stromatolites en plan, sur une vaste surface plate ; ceux d'Ottawa se présentent en coupe de chaque côté d'une route (Tansitway) et la structure en mille-feuilles de ces dômes est nettement visible. On peut même voir le socle de calcaire sur lequel ils se sont édifiés.

Stromatolites. Ottawa (Transitway), 29 oct. 2011.

Vestiges du dôme de deux stromatolites. 
Ottawa (Transitway), 29 oct. 2011.
(Pièce de monnaie : 1 $ ; 27 mm.)


Ces stromatolites, ceux de Gatineau et leurs voisins d'Ottawa, se sont développés sur un plancher marin remarquablement plat. (D'après la carte topographique, ils sont près de la ligne des 60 m d'altitude.)

L'Outaouais coule entre les sites de Gatineau et d'Ottawa. Il serait intéressant de chercher à connaître leur extension et de voir s'ils faisaient partie de la même colonie. Malheureusement, dans le cas des stromatolites du Transitway, la couche de calcaire à laquelle ils appartiennent ne semble pas se prolonger au-delà du site, l'érosion ayant déjà accompli son travail. Ajout, 1er nov. 2011.Voir le billet suivant pour un petit bémol...
  

Dôme de gauche...,

... celui de droite...,

... et les voisins mitoyens réunis. 
Ottawa (Transitway), 29 oct. 2011.


Ajout, 28 septembre 2012
Voir le billet du 27 septembre 2012 à propos d'un article qui traite des stromatolites de l'est de l'Ontario en général et de ceux du Transitway et du pont Champlain en particulier. Il apparaît, entre autres, que deux niveaux de stromatolites sont visibles au Transitway.

samedi 22 octobre 2011

Lac Beauchamp : nouvelle mise à jour

Décidément, c'est la saison des mises à jours pour le lac Beauchamp (voir le billet précédant). L'an dernier, j'écrivais les lignes que voici en légende de la photo suivante (voir ces billets, ici et ici, pour un exposé complet) :


Détail de la discordance entre le Précambrien (en bas, un milliard d'années) et le Paléozoïque (en haut, 500 millions d'années), lac Beauchamp, Gatineau. Entre les deux, une bande orangée, semée de galets : reliquat du sol meuble qui recouvraient notre continent il y a 500 millions d'années, avant le dépôt du grès. Photo : Henri Lessard, juillet 2007.

En haut (Paléozoïque) : grès de Nepean (sable consolidé), qui présente ici le caractère d'un conglomérat : il est truffé de galets qui lui donnent une apparence grêlée.
En bas (Précambrien) : granite gneissique, de teinte claire.
Entre les deux : bande d'une matière friable, couleur orangée, semée, elle aussi, de galets, et dont on se demande s'il faut la rattacher au grès ou au granite. Tout indique qu'il s'agirait d'un paléosol («ancien sol») qui remonterait à l’époque précédant immédiatement la déposition du sable (grès). Si cette hypothèse se vérifiait, la substance friable constituerait le reliquat du sol meuble qui recouvrait le continent il y a plus de 500 millions d'années.


Je m'étais contenté d'avancer une hypothèse concernant la nauture de la «bande orangée», sans pouvoir avancer de preuves ou de document à l'appui pour l'étayer. Plusieurs sources consultées mentionnaient la profonde altération du granite gneissique (météorisation), mais sans relier cette altération à la matière friable qui surmontait ce granite.

Mais voici que je tombe sur ces lignes que nous devons à Quentin Gall, géologue consultant et professeur, dans son ouvrage sur les buildings et les pierres de taille d'Ottawa :

The weathering of the Precambrian rocks led to the development of a paleosol (ancien soil). Perhaps the best local exposure of the paleosol is in Parc du Lac Beauchamp, Gatineau, where it can be seen developed on Precambrian gneiss and buried beneath Paleozoic sandstone (Nepean Formation) (p. 11).

Bref, j'avais vu juste. Avoir raison une fois rachète combien d'erreurs ?


Référence (au singulier, il n'y en a qu'une seule)
Quentin Gall, A Walking Guide. Ottawa's Building and Monuments Stones. Geological Association of Canada, Miscellaneoua Publication 7, 152 pages, 2009 (ISBN 978-1-897095-41-6), (reliure en spirale

Le live est disponible notamment World of Maps, à Ottawa, au prix de 19,50 $ (publicité bénévole et spontanée). On peut aussi le commander à l'Association géologique du Canada (AGC/GAC).

Ajout (2 juin 2018) : autre point de vue. - Selon Théberge (1986), au lac Beauchamp, le grès de la Formation de Nepean repose en discordance sur une syénite blanche. « La zone de contact est formée de roc de très mauvaise qualité. Sous un mince lit de grès de la Formation de Nepean contenant des galets sub-arrondis, on retrouve un niveau d'environ 2 m d'épaisseur de roc altéré. Au sommet de ce niveau apparaît un horizon meuble de 6-8 cm formé de minéraux d'altération gris et verdâtre (fragments de roche altérée, minéraux argileux) provenant de la désintégration par hydrolyse de la syénite. Sous cet horizon, la syénite est altérée et friable sur 1,5-2 m et l'intensité de l'altération diminue avec la profondeur. » (p. 22-23 ; c'est moi qui souligne.) Brandon (1961) souligne que les joints à la base et au sommet du grès de Nepean facilitent la circulation des eaux souterraines.
Sources
Brandon, L.V. 1961 - Rapport préliminaire sur l'hydrogéologie de la région d'Ottawa-Hull, Ontario et Québec. Commission géologique du Canada, Étude 60-23, 19 p. (carte 31-1960 et 4 fig.)
Théberge, J. 1986 - Cartographie géotechnique dans la région de Gatineau-Aylmer-Hull. MERQ, MB 86-43, 200 p. + cartes.