samedi 25 décembre 2010

Noël transparent

Pont couvert du ruisseau Meech dans la vallée du même nom, Chelsea (Québec)


Paysage d’hiver vu par transparence. Sous les pavés, la plage, et sous la neige, les verts pâturages.

En attendant que résonne à nouveau le chant de la chlorophylle, passez un joyeux Noël et entreprenez la nouvelle année d’un pas résolu !


PS – Oui, Madame, oui Monsieur, la chlorophylle chante. Mais faut prêter l'oreille.



lundi 20 décembre 2010

Météorisation : exemple islandais

Joints dans un marbre élargis par érosion. (Gatineau, Québec, juin 2010)


Je n'ai déniché cette étude (lien) dont je présente un extrait plus bas qu'après avoir publié mes billets sur les lichens de Kanata et le marbre de la rivière Gatineau. Elle concerne la météorisation postglaciaire de basaltes islandais et certains paramètres qui y sont considérés, dont l'haloclastie*, ne jouent aucun rôle dans notre région, mais, d'un point de vue plus large, les conclusions de l'auteur de cette étude sur la météorisation postglaciaire en «milieux froids», particulièrement sur l’importance des joints, voies d'accès privilégiées de la météorisation, et des agents biogéniques (lichens, par exemple) sont applicables, avec toutes les précautions et réserves qui s'imposent, à la partie tempérée du Bouclier canadien que nous habitons. De mon point de vue, c'est la confirmation (recherchée depuis longtemps) que les surfaces météorisées du Bouclier canadien ont bien été développées à partir du poli glaciaire.



Gneiss vert (en creux), quartzite blanc, et granite rose recoupant les deux premiers. Le gneiss météorisé forme piscine entre les parois abruptes du quartzite et du granite qui, eux, ont conservé leur «poli glaciaire». (Cantley, Québec, juillet 2010.)


EXTRAIT
Samuel ETIENNE. «Processus et vitesses de météorisation postglaciaire de surfaces basaltiques dans le sud de l’Islande», manuscrit de l’auteur, publié dans Environnements périglaciaires, vol. 24, no 8, 1999, p. 63-75. Pdf disponible dans Internet gratuitement.

Après avoir été longtemps dénigrés, les processus biogéniques se voient attribuer un rôle de plus en plus important dans la météorisation des milieux froids [...]. Parmi les organismes impliqués, les lichens ont catalysé une grande partie des recherches récentes [...] une des actions les plus significatives des lichens dans les roches basiques est l'extraction et la libération du fer qui entraîne une augmentation de la porosité de surface sur quelques millimètres, ainsi que nous l'avons observé [...] Ce processus agit strictement en surface : lorsque le plan rocheux poli est faiblement couvert (quelques centimètres d'épaisseur) par des dépôts superficiels, les lichens sont absents, la météorisation est nulle, le poli lisse et brillant ; en revanche, dès que la mise à l'affleurement est totale, la colonisation végétale (champignons, lichens) démarre et la météorisation (augmentation de la rugosité de surface) ne tarde pas à suivre [...]. La dégradation biogénique est plus efficace au niveau des fissures et des cupules car ce sont les sites privilégiés d’installation et de développement des lichens, microchampignons et autres bactéries [...]. Par ailleurs, il est clair qu'une couverture superficielle déliquescente ne suffit pas à bloquer l'onde de gel et ne saurait inhiber la microgélifraction. La microgélifraction reste inefficace tant que les surfaces polies sont couvertes parce que l'état initial des surfaces d'abrasion glaciaire ne lui est pas favorable ; une préparation préalable à sa mise en action est indispensable et il est de plus en plus évident que les processus biogéniques se posent en acteurs incontournables.

dimanche 19 décembre 2010

Kanata : au ras du lichen

2990. Austère paysage du Bouclier canadien ; roches poncées par les glaciers. Quelques bâtiments d'un centre d'achats se profilent à l'arrière-plan tandis que l'éclairage public tarde à se manifester. 
(Kanata Town Centre Core Park, Ottawa, décembre 2010)


Il est agréable d'arriver à l'étape du dernier billet d'une série de plusieurs. Tout a été dit, mais il reste encore à montrer.

Ce n'est pas de la paresse, on a travaillé fort pour en arriver là, disons plutôt une pause bien méritée.

Pour ce qui a été dit et qui reste nécessaire à la compréhension de ce qui suit, voir les billets précédents consacrés au même site.

Afin d'éviter les redites, je n'en dirai pas plus.

Toutes les photos : Kanata Town Centre Core Park, avenue Kanata, Ottawa, 4 décembre 2010.

2931. Vue aérienne embrassant un vaste secteur. Collines et vallées forment un système désordonné dans un gneiss granitisé ; les dépressions se sont inscrites à partir de la surface unie laissée par les glaciers, il y a 12 000 ans.

2914. Point de vue rapproché. Bosses arides et creux luxuriants ; dénivellations : quelques cm. 
Estimer le taux de météorisation* depuis le départ des glaciers. 
* Météorisation : altération des roches exposées aux agents atmosphériques. De façon plus large, c'est l'ensemble des processus (mécaniques, chimiques ou biologiques) qui attaquent les roches à la surface de la Terre. 

2917. Presque au ras des lichens, maintenant. Centre de la photo : piton résistant dégagé par météorisation. Variété incongrue de stalagmite : il s'est érigé, oui, mais sans s'élever, au fur et à mesure que son environnement s'abaissait*. Quelques brindilles à l'avant-plan.
* Inutile de me dire qu'un stalagmite se forme d'une tout autre façon : faut parfois être sensible à la beauté des paradoxes...


2930, 2933. Même secteur que photos précédentes. Creux comblés par une étrange mixture. 
La photo 2930 a déjà été affichée ici.


2918 et 2920. Piste goudronnée et gneiss rubané en parallèle.

2952. Roche plus homogène. Ici et là, quelques éléments ont offert une meilleure résistance à l'érosion. Filon tenace, en diagonale, à gauche.

2924. Collection de feuilles mortes scellées sous verre. Voir seconde photo du billet du 5 déc. 2010 pour l'autre extrémité de la flaque gelée.

dimanche 12 décembre 2010

Dissolution à Gatineau : addendum à une suite

Photo © Google (octobre 2008) : île Marguerite sur la Gatineau, ville de Gatineau (Québec), extrémité ouest du secteur étudié dans le billet d'hier. Quelques failles appartenant aux principaux réseaux qui découpent le socle rocheux sont prolongées d'un trait blanc. L'astérisque indique l'ombre portée du «massif» des photos 1096 (billet d'hier) et 1107 (ce billet).

Dans mon billet du 11 décembre sur le marbre «dissous» de (et dans) la rivière Gatineau, j'écrivais que les failles* qui traversent la roche ne semblent suivre aucune direction privilégiée : en fait, il aurait été plus juste d'écrire qu'elles en suivent trop, ce qui, au niveau du plancher des vaches, amène un peu de confusion, même si le parallélisme de plusieurs ne peut échapper à l'observateur le moins attentif.

* Plus exactement des joints (cassures sans mouvement de la roche de part et d'autre de la rupture).

Me libérant des contraintes propres à la condition du piéton, j'ai prolongé, sur une photo satellite (ci-dessus), quelques-unes de ces failles d'un trait blanc. La superposition de plusieurs réseaux entrecroisés se constate aisément. Les plus évidents de ces réseaux sont, en négligeant les variations mineures, orientés NE, E-W et NNW. Un quatrième, orienté ± N-S, se manifeste, semble-t-il, de façon plus discrète.

Ces failles qui découpent le marbre sont autant de lignes de faiblesse que l'eau attaque avec grande d'aisance, d'où la création de ravines rectilignes entrecroisées (voir billet d'hier).

Le rubanement du marbre (alternance des bandes ou des anciennes couches sédimentaires) est orienté ± NE. Ceci explique l'impression (fausse), enregistrée sur le terrain, que certaine ravines seraient des rubans moins résistants à l'érosion.

(La rivière Gatineau suit une direction générale SE-NW ; dans le secteur immédiat du site concerné, elle s'infléchit pour s'orienter WNW-ESE.)

La conclusion générale de mon billet de la veille reste valable ce matin : la plupart des ravines dans le marbre, à cet endroit de la Gatineau, sont des joints agrandis par dissolution du marbre sous l'action des eaux courantes.

Photo 1107. (Voir astérisque sur la photo satellite.) Ravines entrecroisées. Cliché retiré du billet d'hier par manque de place. Aspect chaotique causé par la multiplication des enclaves résistantes dans le marbre – enclaves libérées et tombées confondues avec celles qui semblent surgir à sa surface. (Juin 2010)

samedi 11 décembre 2010

Dissolution à Gatineau : suite

Photo 1096. Marbre chargé d’enclaves de granite et de gneiss. La roche est traversée par de multiples réseaux entrecroisés de ravines. Des enclaves volumineuses forment un massif à gauche. (Juin 2010)

LOCALISATION
Gatineau (Québec) ; rive gauche de la rivière Gatineau, au N du pont Alonzo-Wright (secteur de l'île Marguerite).
SNRC 31G/05
Le site est sous les eaux de la rivière Gatineau une partie de l'année. L'endroit, interdit d’accès, présente un danger certain (variations brusques du niveau de l'eau causées par l'activité du barrage Chelsea en amont).

CONTEXTE GÉOLOGIQUE
Marbre de la province de Grenville ; roches vieilles d'un milliard d'années (voir Géolo-chronologie) ; érosion par l’eau courante, érosion différentielle.

INTRODUCTION
Billets précédents consacrés au même site : ici et ici. Les consulter pour plus de détails.

RAPPEL, RÉSUMÉ ET MÊME TOUT LE CORPS DU TEXTE EN TROIS BREFS PARAGRAPHES
Un marbre chargé d'inclusions résistantes (granite, gneiss) est exposé le long de la Gatineau. Les billets précédents parlaient du surgissement progressif de ces inclusions par dissolution du marbre que l'eau courante gruge à petit feu (ça se dit?). Aujourd'hui, je voudrais traiter de phénomènes d'érosion d'une autre nature.

Des ravines plus ou moins profondes traversent le marbre. Il n'est pas toujours évident d'attribuer leur présence à la canalisation du courant le long de certains trajets. En effet, la plupart, loin d'observer une quelconque direction favorisée, s'entrecroisent et semblent plutôt le résultat de l’élargissement par érosion de fractures rectilignes. On peut observer une progression, depuis les larges ravines aux bords arrondis jusqu’aux minces failles, nettes, aux arêtes tranchantes ou à peine émoussées.

Rappelons que la couleur rose-ocre du marbre (autrement de couleur blanche) est due à une altération superficielle.

CONCLUSION
L'aspect rectilignes de ces ravines, leurs bords parallèles indiquent qu'il s'agit de fractures attaquées de façon préférentielle par l'érosion (dissolution du marbre par les eaux courantes). La direction du courant, la structure du marbre (dont le rubanement est orienté NE), sont des phénomènes secondaires de ce point de vue, les failles, ou fractures, accélérant l'érosion selon certaines lignes.

PHOTOS
Toutes les photos : juin 2010

Photo 1066. Ravine serpentant dans la partie relativement libre d'enclaves d'un marbre. Phénomène fréquent partout sur le site, la rivière attaque le marbre par en dessous (bas de la photo, à gauche de la boussole). Ce travail explique(?) la fracture tardive, parallèle au rivage, par effondrement de la frange ainsi sapée. Noter les marmites.

Photo 1067. Détail de la photo précédente. La ravine contourne une enclave sombre tandis que la fracture tardive recoupe celle-là sans affecter celle-ci. En fait constituée d'un chapelet de marmites allongées, cette ravine est probablement(?) le résultat de la canalisation de l'eau de la Gatineau (le courant va de «haut» en «bas»), au contraire des autres illustrées dans ce billet. 

Photo 1069. Détail, encore. Autres fractures ± «fraîches».

Photo 1093. Érosion différentielle du marbre selon le degré de résistance des rubans ; ébauches de marmites (flaques circulaires).

Ajout (26 février 2012). – Lorsque l'action du ruissellement s'exerce sur une large surface, on observe le développement de rainures parallèles séparées par des arêtes vives, perpendiculaires à la rive et s'évasant vers le haut. (Source : Aubert de la Rüe, E., 1953, Rapport géologique 50 : région de Kensington, comtés de Gatineau et de Labelle. Québec, ministère des Mines, 1953, 50 pages, cartes 919 et 920 (1/63 360)) 

Le rubanement du marbre à l'île Marguerite, perpendiculaire à la rivière Gatineau, a facilité le développement de structures plus ou moins semblables (photo 1093).


Photo 1099. Coude : exploitation de fractures par l'érosion.

Photo 1189. Ravines entrecroisées (voir photo 1096, au début du billet), et marmites (à droite).


Photos 1103-1104. Dalle de marbre fracturée.
Déterminer l'âge relatif des cassures en fonction du degré d'usure de chacune.

lundi 6 décembre 2010

Hors-sujet : Kanata, glace et fer

Glace et fer : semblable développement de cristaux lamellaires ou aciculaires.

Mince couche de glace nouvelle et cristaux en forme de lames. (Voir ce billet récent.) 
Kanata Town Centre Core Park, Ottawa, 4 décembre 2010.

Météorite : enchevêtrement de cristaux de fer.
Légende originale :
Météorite métallique rare (type IID) retrouvée à Miller Butte. © MNA. Luigi Folco.
C'est la première fois que l'on retrouve une météorite de ce type en Antarctique. Ici, la surface été polie et attaquée pour révéler la structure métallique.

Détail de la première photo. Contraste accentué pour faire ressortir les cristaux aciculaires 
(en forme d'aiguilles) translucides.

dimanche 5 décembre 2010

Hors-sujet : grands espaces sauvages de Kanata

Quand j'ai affiché cette photo sur mon écran, je n'ai tout d'abord pas reconnu la scène. Pourtant, trois heures à peine séparaient la prise de vue de mon retour à la maison. Était-ce possible d'avoir déjà oublié cet impressionnant bassin rocheux inondé ? (Voir photo suivante.) 

Même endroit, vu d'en haut. Tout s'explique. Voyez, par exemple, la petite branche, en diagonale, en bas à gauche, qui se retrouve aussi dans le coin inférieur gauche de la photo précédente. Mon grand bassin n'est qu'une flaque d'eau, mes rochers ne sont que des irrégularités superficielles où se sont accumulés l'eau et les débris végétaux ! 
(L'aspect liquide de la glace, sur la première photo, provient de l'angle de réflexion de la lumière en conjonction avec un effet de flou. Les arbres et les arbustes, à l'arrière-plan, ont détruit l'effet de close-up en ramenant les éléments du premier plan à leur échelle. J'ai été victime d'un trucage dont j'étais l'auteur involontaire.)

Comparer avec la première photo. Invariance quelque soit l'échelle... 

Quelle étrange mixture se décante dans ces petits bassins ?

Si je décapsule le bouchon, qu'est-ce qui arrive ?

Mince couche de glace.

Détail ; on voit des espaces entre les longs cristaux de glace.

Autre image dont il est difficile de saisir l'échelle du premier regard : photo satellite ou est-ce que le photographe s'est contenté de regardé ce qu'il y avait à ses pieds ?

© Google ; région de l'Ungava, fosse du Labrador, Québec. Envergure de la zone (en largeur) : environ 200 km.

Toutes les photos (sauf la dernière) : Kanata Town Centre Core Park (Ottawa), 4 décembre 2010. (Voir cet autre billet.)

AJOUT, 5 déc. 2010. Certaines personnes ayant émis des doutes quand à l'identité des deux premières photos, je leur soumets les montages qui suivent. Cliquez sur les documents pour obtenir une image plus grande.